Crise financière
Naomi Klein. La stratégie du choc. La montée du capitalisme du désastre. Leméac/Actes Sud, 2008.
Il s'agit là d'un des deux ou trois livres les plus importants de l'année.
Cet ouvrage (fort bien traduit) explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre – il n'y a pas d'autre mot – contre les peuples en utilisant une stratégie du désastre. Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du " terrorisme ") pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d'une société capitaliste toujours plus réactionnaire.
Naomi Klein appelle" capitalisme du désastre "ce type d'opération consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de cataclysmes et à traiter des derniers comme des occasions d'engranger des profits. Le capitalisme du désastre détruit aussi pour reconstruire : 30 milliards de dollars ont été investis en Irak, 13 milliards pour le tsunami, 100 milliards pour La Nouvelle-Orléans.
Si cette stratégie est mondiale, son centre se situe à Washington. Chez nous, les obsédés de l'Atlantisme du style Kouchner ou Sarkozy sont évidemment les complices de ce fléau à échelle historique. Pour le moment, il n'est pas possible de prévoir si la crise financière actuelle, dans laquelle certains voient une implosion du système, mettra un terme à ce que l'on peut qualifier sans emphase de crime contre l'humanité. On peut donc douter que l'argent public injecté dans la sphère privée par le gouvernement français (alors que les caisses étaient prétendues vides) débouche sur plus de justice sociale, sur un partage plus équitable des richesses. On peut craindre, en revanche, que ces sommes considérables redonnent du tonus à ce système inique et lui permettent d'une part d'élargir davantage encore le fossé entre les riches et les pauvres et, d'autre part, de restreindre le champ de la démocratie. Selon l'École de Chicago, s'il peut provoquer une révolution à gauche, l'effondrement du marché peut aussi déclencher une contre-révolution de droite.
Lors de l'ouragan Katrina, raconte Naomi Klein, le représentant républicain de La Nouvelle-Orléans Richard Baker déclara : « Nous avons enfin nettoyé les logements sociaux de La Nouvelle-Orléans. Dieu a réussi là où nous avions échoué. » Kenyon, division du conglomérat funéraire Service Corporation International (important cotisant à la caisse électorale de Bush), fut chargé de recueillir les morts dans les maisons et les rues. Le travail s'effectua avec une extrême lenteur. Des cadavres croupirent sous le soleil pendant des jours. On interdit aux secouristes et à des entrepreneurs de pompes funèbres bénévoles de donner un coup de main sous prétexte qu'ils empiétaient sur le territoire commercial de Kenyon. La société, qui factura à l'État 12500 $ par cadavre, a depuis été accusée d'avoir mal identifié de nombreuses dépouilles. Pendant presque un an après l'inondation, on découvrit des corps en décomposition dans des greniers. L'administration Bush refusa d'allouer des fonds d'urgence pour payer les fonctionnaires ; la ville dut congédier 3000 employés au cours des mois qui suivirent l'ouragan.
Pour Milton Friedman, le grand idéologue (après von Hayek) de l'ultralibéralisme, l'État a pour unique fonction de « protéger notre liberté contre ses ennemis extérieurs et contre nos concitoyens eux-mêmes. Il fait régner la loi et l'ordre, il fait respecter les contrats privés, et il favorise la concurrence. » En d'autres termes, il s'agit de fournir les policiers et les soldats – tout le reste, y compris l'enseignement public gratuit, n'est qu'ingérence au sein des marchés.
La guerre contre les peuples et contre la démocratie doit être éclair. Selon Friedman, « un nouveau gouvernement jouit d'une période de six à neuf mois au cours de laquelle il peut opérer des changements fondamentaux. S'il n'en profite pas pour agir avec détermination, une telle occasion ne se représentera plus. » On comprend pourquoi un dirigeant comme Sarkozy a lancé des dizaines de contre-réformes dès son accession à l'Élysée. Tout était prêt, bien avant son succès électoral.
Naomi Klein consacre de longs développements aux agressions du système contre le psychisme et le corps des individus. L'idée qu'un changement de politique doit être menée comme une offensive militaire surprise est un thème cher aux apôtres de la thérapie de choc économique. « L'envahisseur doit investir l'environnement de l'adversaire et paralyser ou surcharger ses perceptions et sa compréhension des événements pour le rendre incapable de résister. »
Après le tsunami de 2004, des investisseurs étrangers et des prêteurs internationaux s'étaient ligués pour exploiter le climat de panique et céder le littoral à des entrepreneurs qui s'étaient empressés d'ériger de vastes stations balnéaires, empêchant ainsi des centaines de milliers de pêcheurs de reconstruire leurs villages au bord de l'eau. Le projet d'éviction massive datait d'avant la vague géante, mais on utilisa le tsunami pour faire avancer un programme refusé par l'ensemble de la population. En Thaïlande, on vit des gardiens privés, armés jusqu'aux dents, empêcher d'anciens résidents de chercher les dépouilles de leurs enfants. Le capitalisme du désastre climatique et ses relais dans les classes politiques s'étaient fait la main en 1998 avec l'ouragan Mitch qui avait dévasté le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua, causant au moins 9000 morts. Le Congrès du Honduras adopta des lois de privatisation des aéroports, des ports et des autoroutes, du téléphone, de l'électricité et d'une partie de la distribution de l'eau. Le Congrès des États-Unis abrogea la réglementation environnementale en vigueur sur la côte du golfe du Mexique et autorisa la construction de nouvelles raffineries de pétrole. Halliburton, la firme longtemps dirigé par le vice-président Cheney, reçut 60 millions de dollars pour la reconstruction des bases militaires du littoral.
Avant le 11 septembre, explique Naomi Klein, guerres et catastrophes offraient des débouchés à un secteur restreint de l'économie – les fabricants d'avions de chasse par exemple, ou encore les entreprises de construction chargées de rebâtir les ponts bombardés. Les guerres avaient pour rôle principal d'ouvrir de nouveaux marchés jusque-là inaccessibles et, une fois la paix revenue, de générer des booms économiques. Depuis, les interventions en cas de guerre sont à ce point privatisées qu'elles constituent en soi le nouveau marché. Pour le boom, inutile d'attendre la fin de la guerre.
La logique guerrière du système capitaliste est diabolique, implacable et, dans l'état actuel des choses, en tout cas, durable. On appelle aujourd'hui " guerre contre le terrorisme " des coups d'État, des massacres qui n'ont pour but que d'installer et de maintenir en place des régimes favorables à la libre entreprise. Le capitalisme du désastre s'est habitué au terrorisme : après le 11 septembre, le Dow Jones perdit 685 points, mais le 7 juillet 2005, le jour où quatre bombes explosèrent dans les transports londoniens, le Stock Exchange et le Nasdaq grimpèrent en flèche.
Naomi Klein s'attarde donc longuement sur Milton Friedman et l'École de Chicago, ces théoriciens, instigateurs et praticiens de la violence capitaliste depuis une quarantaine d'années. Pour eux, la prémisse de départ, c'est que le libre marché est « un système scientifique parfait dans lequel des particuliers agissant dans leur propre intérêt créent pour tous le plus d'avantages possibles. » Voir la logique du bouclier fiscal sarkozyen pour les plus riches des Français. Toute défaillance – inflation élevée ou chômage en hausse – vient du fait que le marché n'est pas entièrement libre.
Le premier laboratoire friedmanien fut l'Indonésie. Ralph McGehee, l'un des agents principaux de la CIA en poste à l'époque du coup d'État, déclara qu'il s'était agi « d'une opération modèle. […] Ce sont les grands événements sanglants orchestrés depuis Washington qui ont permis l'arrivée au pouvoir de Suharto. Cette réussite signifiait que l'expérience pourrait être répétée, encore et encore. »
Au Chili, Pinochet et les siens évitèrent toujours l'expression " coup d'État ", à laquelle ils préféraient le mot " guerre " (guerre contre le marxisme, contre l'anarchie etc.). Au cours de la première année d'application de la thérapie de choc prescrite par Friedman, l'économie du Chili régressa de 15% et le taux de chômage – qui n'avait été que de 3% sous Allende – s'éleva à 20%. En 1988 45% des habitants du pays vivaient sous le seuil de la pauvreté.
Dans un article d'août 1976 pour The Nation, Orlando Letelier (ancien ambassadeur du Chili aux États-Unis, écrivit que « la vision particulièrement commode d'un système social dans lequel la " liberté économique " et la terreur politique coexistent sans jamais se croiser permet aux partisans du régime financier de soutenir leur idéal de " liberté " tout en feignant de défendre les droits de l'homme. » Moins d'un mois plus tard, Letelier était assassiné en plein centre de Washington par des agents de la DINA, la police secrète chilienne.
Au Brésil, les grandes entreprises mirent sur pied leurs propres escadrons de tortionnaires privés. La junte militaire créa un corps de policiers extrajudiciaire, financé par diverses multinationales, dont Ford et General Motors. À la fin de la dictature, la quasi-totalité des délégués d'usine des grandes sociétés avaient disparu. Au Brésil, comme dans tout le cône latino-américain, selon le triste constat de l'écrivain Eduardo Galeano, « les citoyens étaient en prison pour que les prix fussent en liberté. »
Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher lança des " réformes " multiples en appliquant à la lettre la pensée friedmanienne. Après trois ans de gouvernement, sa cote de popularité passa sous la barre des 25%. Elle fut sauvée par le gong de la guerre des Malouines, tout comme, provisoirement, la dictature de Galtieri en Argentine. Cette guerre donna à Thatcher le prétexte politique dont elle avait besoin pour introduire le tout premier programme de transformation capitaliste radicale d'une démocratie libérale occidentale. Lorsque les mineurs de charbon déclenchèrent la grève en 1984 (le gouvernement voulait fermer les puits non rentables pour ne garder que les rentables dont certains furent exploités jusqu'en 2007), Thatcher fit comme si le conflit était le prolongement de la guerre des Malouines et exigeait la même brutale détermination. Elle eut alors cette formule mémorable : « Nous avons dû nous battre contre l'ennemi extérieur ; nous devons maintenant nous battre contre l'ennemi intérieur, qui est beaucoup plus coriace, mais tout aussi dangereux pour la liberté. » Contre les mineurs, elle employa la manière forte : au cours d'une seule confrontation, 8000 policiers anti-émeute chargèrent (certains à cheval) en laissant 700 blessé sur le carreau. Dans les quatre années qui suivirent cette attaque directe contre la classe ouvrière, le gouvernement privatisa British Telecom, British Gas, British Airways, British Steel etc. Dans plusieurs petites villes minières (dans le sud du Yorkshire en particulier), le chômage frappa 50% de la population.
Klein détaille par ailleurs longuement le rôle des institutions financières internationales, relais, bras armé du capitalisme guerrier. Le FMI accoucha de son premier programme d'ajustement structurel complet en 1983. Pendant deux décennies, nous dit l'auteur, « on informa tous les pays qui demandaient un prêt conséquent qu'ils devaient remanier leur économie de la cave au grenier. » Davison Budhoo, économiste principal du FMI qui prépara des programmes d'ajustement structurel pour l'Amérique latine et l'Afrique tout au long des années 1980 admit plus tard que « tout le travail que nous avons accompli après 1983 reposait sur le sentiment de la mission qui nous animait : le Sud devait privatiser ou mourir ; à cette fin, nous avons créé le chaos économique ignominieux qui a marqué l'Amérique latine et l'Afrique de 1983 à 1988. »
La solution polonaise fut encore plus radicale : outre l'élimination immédiate des contrôles des prix et des coupes sombres dans les subventions, le FMI imposa la vente au secteur privé des mines, des chantiers navals et des usines de l'État. C'était contraire au programme économique d'origine de Solidarité, fondé sur la propriété par les travailleurs.
En Chine, Deng Xiaoping était si enthousiaste et si déterminé à l'idée de convertir la Chine à l'économie privée qu'en 1980 son gouvernement invita Milton Friedman à venir initier des centaines de hauts fonctionnaires, de professeurs et d'économistes du Parti (" communiste ") aux rudiments de l'économie néolibérale. Lorsque Deng ouvrit le pays aux investisseurs étrangers et réduisit les protections dont bénéficiaient les travailleurs, il ordonna la création de la Police Armée du Peuple, escouade antiémeute comptant 400000 membres chargés d'écraser tous les signes de « crimes économiques », c'est-à-dire les grèves et les manifestations. Les " réformes " de Deng débouchèrent sur la mobilisation sociale de 1989. Le 20 mai, le gouvernement proclama la loi martiale. Il y eut entre 2000 et 7000 morts sur la Place Tienanmen. Le gouvernement, comme en Amérique latine, réserva son châtiment le plus dur aux ouvriers. La plupart des personnes arrêtées et exécutées furent des ouvriers. La politique de Deng fit de la Chine l'atelier de misère du monde, l'eldorado des usines de sous-traitance de presque toutes les multinationales de la planète. En 2006, 90% des milliardaires chinois étaient les enfants de cadres du Parti " communiste ".
Comme la Chine, la Russie fut contrainte de choisir entre un programme économique inspiré de l'École de Chicago et une révolution démocratique. Pour que le programme friedmanien fût appliqué, il fallait interrompre de manière violente le processus progressif impulsé par Gorbatchev. En août 1991, Le Washington Post (qui n'est pas le plus réactionnaire des quotidiens étatsuniens) expliqua, rappelle Klein, que « le Chili de Pinochet pourrait servir de modèle pratique à l'économie soviétique. » Suite aux " réformes " de Eltsine, la consommation du Russe moyen en 1992 avait diminué de 40% par rapport à 1991. Pour asseoir son pouvoir, Eltsine avait aboli la Constitution et dissous le Parlement. Le Parlement vota à 636 voix contre 2 la destitution de Eltsine qui envoya l'armée contre les parlementaires. 500 personnes furent tuées. Comme en Chine, un club limité de Russes, dont bon nombre d'anciens apparatchiks du Parti communiste et une poignée de gestionnaires de fonds communs de placement occidentaux obtinrent des rendements faramineux en investissant dans des entreprises russes nouvellement privatisées. En 1989, la Russie comptait deux millions de pauvres. 74 millions en 1995, selon les chiffres de la Banque mondiale. Le capitalisme avait régressé jusqu'à sa forme la plus sauvage.
La crise financière qui frappa l'Asie dans les années 1990 créa 24 millions de chômeurs. Les femmes et les enfants furent les grands perdants de la crise. De nombreuses familles vendirent leurs filles à des trafiquants d'êtres humains qui les firent travailler comme prostituées en Australie, en Europe et en Amérique du Nord. Ces victime pouvaient dire merci au FMI et à son directeur Camdessus qui avaient imposé une chirurgie radicale à ces pays en crise.
Aux États-Unis, le trio Bush-Rumsfeld-Cheney appliqua à la lettre les principes friedmaniens selon lesquels le gouvernement, afin de transformer l'État en coquille vide, se ligue avec les grandes entreprises pour « redistribuer la richesse vers le haut après avoir réduit les dépenses affectés au personnel. » Une part toujours plus grande des fonds publics va alors directement dans les coffres des entreprises privées. L'État a les signes extérieurs d'un gouvernement, « mais il n'exécute plus les véritables tâches de la gouvernance, pas plus que les employés du campus de Nike à Beaverton ne fabriquent eux-mêmes des baskets. »
Les entreprises qu'a dirigées Donald Rumsfeld misent depuis une trentaine d'années sur un avenir apocalyptique, fait de maladies endémiques qui obligeraient les gouvernements à se procurer au prix fort les produits indispensables brevetées par elles. La société Gilead Sciences (que Rumsfeld dirigea de 1997 à 2001), titulaires de brevets pour quatre médicaments antisida, dépense beaucoup d'énergie pour empêcher la distribution, dans les pays en voie de développement, de versions génériques moins coûteuses (les brevets expireront à partir de 2016).
Dick Cheney (je ne sais si des sociolinguistes se sont penchés sur cette manie qu'ont les étatsuniens de diminuer leurs prénoms de manière puérile : Cheney s'appelle Richard Bruce, Clinton s'appelle William etc.), protégé de Rumsfeld au sein de l'administration Ford dans les années 1970, fit également fortune en misant sur la perspective d'un avenir sombre. Lui qui avait bénéficié, dans les années 1960, de six mesures de sursis pour ne pas partir au Vietnam (tout en étant favorable à la guerre), réduisit, en tant que secrétaire à la Défense de Bush père, le nombre de soldats actifs et confia aux entrepreneurs privés un rôle de plus en plus déterminant. Sa société Halliburton (gains estimés : 13 milliards de dollars en 2007) parvint à élargir la signification des mots " soutien logistique " à un point tel qu'elle eut bientôt pour tâche, explique l'auteur, « de créer l'infrastructure tout entière des opérations militaires à l'étranger. L'armée n'avait qu'à se charger des soldats et des armes – elle agissait en quelque sorte comme fournisseur de contenu, tandis que Halliburton était aux commandes. »
Autre exemple de contiguïté : John Ashcroft, ancien Procureur général et instigateur de la Loi sur le patriotisme, préside depuis 2005 l'Ashcroft Group, dont la mission consiste à aider les entreprises spécialisées dans la sécurité intérieure à obtenir des contrats fédéraux. Son groupe a tellement de succès qu'il refuse deux clients quand il en accepte un. Tom Ridge, premier directeur du secrétariat à la Sécurité intérieure de 2003 à 2005, a fondé Ridge Global et agit comme conseiller auprès de Lucent, société de communication œuvrant dans le domaine de la sécurité. C'est un acharné de la peine de mort : en tant que gouverneur de Pennsylvanie, il laissa exécuter 224 condamnés et assista en personne à trois supplices. James Woolsey, directeur de la CIA jusqu'en 1995, est désormais conseiller de Paladin Capital Group, société privée qui investit dans la sécurité intérieure (1 milliard de dollars). Rudy (en fait, Rudolph, voir plus haut) Giuliani, ancien maire de New York, a créé Giuliani Partners quatre mois après le 11 septembre et vend ses services comme expert-conseil en gestion de crises. Gains de sa société : 100 millions de dollars entre 2002 et 2007. La pratique de ces hommes est, explique Klein, de « rester au gouvernement ou élu juste assez longtemps pour obtenir un titre impressionnant au sein d'un secrétariat qui octroie des contrats d'envergure et recueillir des informations privilégiées sur les produits recherchés, puis démissionner et vendre l'accès aux anciens collègues. Servir dans la fonction publique, c'est effectuer une mission de reconnaissance en prévision d'un bel avenir dans le complexe du capitalisme du désastre. Ce capitalisme de copinage est l'aboutissement de la philosophie de l'École de Chicago et de sa triple obsession : privatisation, déréglementation et antisyndicalisme. »
Du point de vue militaire, soutient Klein, la guerre contre le terrorisme est impossible à gagner. « Du point de vue économique, en revanche, elle est impossible à perdre : en effet, on a affaire non pas à un conflit éphémère susceptible d'être gagné, mais, au contraire, à un élément nouveau et permanent de l'architecture économique mondiale. » La guerre n'est plus, comme le disait Clausewitz, « la continuation de la politique par d'autres moyens », c'est la politique et l'économie en elles-mêmes, les guerres et les catastrophes étant par conséquent des fins en elles-mêmes.
En Irak, Saddam Hussein ne représentait nullement une menace pour la sécurité des États-Unis, bien au contraire, étant, à sa manière dictatoriale, un facteur de stabilité. Le problème est qu'il menaçait les entreprises énergétiques étatsuniennes : il avait conclu une entente avec une grande entreprise russe et entamé des négociations avec Total. Le renversement de Saddam Hussein ouvrit la porte à Exxon, Chevron, Shell et BP qui, toutes jetèrent les bases de nouveaux accords en Irak, de même qu'à Halliburton qui, ayant installé son siège social à Dubaï, était idéalement située pour vendre des services énergétiques à ces sociétés. On a pu comparer les liens unissant Halliburton à Cheney (qui quitta la société en 2000 avec un parachute doré de 34 millions de dollars) aux liens qui unissaient, pendant la guerre du Vietnam le Président Johnson à Brown and Root, société de forages pétrolifères.
Pour assommer l'Irak, l'impôt sur les sociétés, qui était d'environ 45%, fut remplacé par un impôt au taux uniforme de 15% On autorisa les compagnies étrangères à détenir des entreprises irakiennes à 100% pour éviter le scénario russe d'oligarques qui s'étaient réservé des morceaux de choix. Les investisseurs purent sortir d'Irak la totalité de leurs profits. 8,8 milliards de dollars disparurent en 2004 des ministères contrôlés par les Etats-Unis. « What does it change ? », fut le commentaire d'un proche de Bremer, le gauleiter du pays occupé.
Tout comme Johnson et Nixon qui avaient bombardé le Vietnam pour le ramener à l'âge des cavernes, Bush bombarda l'Irak de manière terroriste et terrorisante pour le seul profit de la machine de guerre capitaliste. Entre le 20 mars et le 2 mai 2003, l'armée lança 380 missiles de croisière Tomahawk en un jour (contre 300 en cinq semaines pendant la Guerre du Golfe). En cinq semaines, les Irakiens reçurent 30000 bombes et 20000 missiles à guidage de précision, soit 67% de la production totale de tels engins depuis leur invention. Pour Rumsfeld et Cheney, il s'agissait de faire un exemple, d'effrayer les populations, de faire réfléchir ceux qui oseraient défier l'autorité des États-Unis. Le ciblage des centraux téléphoniques dura jusqu'à ce que plus un seul téléphone ne fonctionne dans le pays. Le but était de s'en prendre au moral des civils qui ne pouvaient plus prendre des nouvelles de leurs proches. Pas à Saddam Hussein, qui, pensant que les téléphones étaient espionnés depuis des années dans son pays, n'avait utilisé le téléphone qu'à deux reprises au cours des treize années précédentes.
Influent banquier israélien, Len Rosen, cité par Klein, est l'auteur d'un nouveau théorème de géopolitique qu'il convient de méditer : « La sécurité compte plus que la paix. » C'est sûrement pourquoi Israël est le quatrième marchand d'armes au monde. La décision d'Israël de situer le "contre-terrorisme " au centre de son économie d'exportation a coïncidé avec l'abandon des négociations de paix. Le gouvernement ne présente plus le conflit qui l'oppose aux Palestiniens comme une lutte contre un mouvement nationaliste mais comme un des théâtres de la guerre mondiale contre le terrorisme.
Y a-t-il des raisons d'espérer ? En 2005, les Français et les Hollandais se prononcèrent démocratiquement contre l'Europe de la finance, suivis en 2008 par les Irlandais. En 2006, Chavez était réélu pour un troisième mandat avec 63% des voix. Au Brésil, Lula fut réélu en 2006 avec un programme anti-privatisations. La même année, l'économiste de gauche Rafael Correra fut élu à la présidence de l'Équateur contre un magnat de la banane. En 2007, Correra déclara le représentant de la Banque mondiale persona non grata sur le sol de son pays.
Contrairement à ce qu'écrivait Fukuyama en 1989 en proclamant la fin de l'histoire, dans une paraphrase tellement facile de Karl Marx, rien n'est écrit…
=================================================
Crise financière : La faillite du dogme libéral des marchés qui se régulent eux-mêmes
Aux USA, le FBI enquête, relève les empreintes et recherche les traces d'ADN des pirates qui ont arraisonné la finance américaine. Sarkozy fait la chasse aux responsables de la débâcle financière pour leur infliger la punition qu'ils méritent : la mise en torche de leurs parachutes dorés. Tout cela n'est qu'un écran de fumée qui a pour principale fonction de chercher à dissimuler les véritables responsables de la crise : le dogme néolibéral des marchés qui se régulent tout seuls et surtout le patronat et les gouvernements qui s'efforcent d'inscrire ce dogme dans les faits, quelque en soient les coûts sociaux et humains.
Le dogme de l' « infaillibité » des marchés
Pour les libéraux, non seulement les marchés sont capables de se réguler tout seuls, mais toute intervention de l'Etat ne ferait qu'empêcher cette régulation. C'est le dogme de l'infaillibilité des marchés et de la « main invisible » qui spontanément affecterait les richesses disponibles de façon optimale. Cela fait bien longtemps que les l'Etat fédéral américain n'hésite pas à intervenir pour soutenir l'économie nationale : subvention aux entreprises, à l'agriculture, protectionnisme sélectif… Mais jusqu'à la crise financière, il agissait ainsi en proclamant le contraire. Aujourd'hui, la réalité ne peut plus être cachée. Les marchés financiers qui étaient les modèles des marchés qui « se régulaient eux-mêmes » sont en pleine déroute. Sans l'intervention des Etats, la crise serait encore plus grave qu'en 1929. Cette débâcle des marchés financiers et l'intervention massive des Etats marquent la faillite du dogme libéral. La régulation des marchés par les marchés eux-mêmes mène tout à droit à la catastrophe.
Le rachat des banques par les Etats
Au cours de l'été 2007, les banques centrales (Banque Centrale Européenne, Réserve Fédérale Américaine, Banque d'Angleterre, Banque du Japon…) avaient injecté plus de 400 milliards de crédit pour permettre aux banques de faire face à leurs besoins de trésorerie. Ces crédits ont continué de plus belle en 2008. Mais l'intervention des Etats va maintenant bien au-delà de simples avances de liquidités aux banques (même s'il s'agit de centaines de milliards d'euros). L'intervention des Etats est passée au stade supérieur, celui du rachat des banques par les fonds publics. Au cours de l'hiver 2007-2008, les risques de faillites bancaires s'étaient multipliés. Pour éviter un effet « domino » qui aurait vu les banques s'écrouler les unes après les autres, la Northern Rock avait été nationalisée par le gouvernement britannique. Les géants américains Merrill Lynch et Citigroup avait du faire appel à des fonds souverains (propriétés de l'Etat du Koweit ou de celui d'Abu Dhabi) pour renforcer leur capital social. En septembre 2008, l'Etat fédéral américain nationalisait, de fait, deux énormes institutions financières, Fannie Mae et Freddie Mac, pour un montant de 200 milliards de dollars. Ces deux organismes qui garantissent près de la moitié des 12 000 milliards de dollars de crédits immobiliers aux Etats-Unis venaient, en effet, d'essuyer des pertes d'un total de plus de 14 milliards de dollars et la faillite pointait son nez. Le géant de l'Assurance (AIG) était lui aussi racheté par l'Etat fédéral américain pour la modique somme de 85 milliards de dollars.
En Europe, la nationalisation de la Nothern Bank n'a été qu'un prélude. Les marchés sont, aujourd'hui, incapables de faire face à la crise bancaire qu'ils ont déclenché et les Etats doivent racheter des établissements bancaires pour leur éviter une faillite qui pourrait emporter l'ensemble du système bancaire européen. Le Benelux nationalise partiellement la banque Fortis. Les gouvernements belge, français et luxembourgeois rachètent pour 6,4 milliards d'euros la banque franco-belge Dexia. Le gouvernement français déboursera, à lui seul, 3 milliards d'euros (1 milliard directement et 2 milliard par l'intermédiaire de la Caisse des Dépôts et Consignation, organisme public). L'Etat allemand garantit le versement de 26,5 milliards d'euros pour sauver Hypo Real Estate, établissement spécialisée dans le financement immobilier et très engagées auprès de Lehman Brothers, la banque d'affaires américaine qui vient de faire faillite. Les actifs rentables de la banque britannique Bradford & Bingley sont rachetés par une banque privée espagnole, la banque espagnole Santander, l'Etat britannique, quant à lui, nationalise le restant, c'est-à-dire les pertes. La Commission européenne pourtant habituellement si implacablement opposée à la moindre injection de fonds publics destinée à sauver des emplois dans l'industrie ou les services ne trouve rien à redire à ces opérations. Il s'agit bien là de nationalisations puisque dans chacun des cas, les Etats détiennent la totalité, ou (dans le pire des cas), une minorité de blocage du capital social. Mais les libéraux qui nous gouvernent ou qui dirigent les partis d'opposition ne veulent surtout pas prononcer le mot. Il s'agit uniquement, pour eux, de mutualiser momentanément les pertes et de rendre les banques aux intérêts privés aussitôt qu'elles recommenceront à faire des profits.
Le plan Paulson
Le secrétaire américain du Trésor, Henry Paulson, avait mis sur pied un plan de rachat des créances pourries des banques américaines pour un total de 700 milliards de dollars en deux ans.
Ce plan fut d'abord rejeté par la Chambre des représentants, le 29 septembre. Ce rejet était du à la conjonction de deux forces, pourtant diamétralement opposées. La première force était celle d'une grande partie de l'opinion publique qui ne comprenait pas pourquoi les spéculateurs de Wall Street pourraient s'en tirer à si bon compte. Si leur spéculation avait réussi, ils auraient empoché des centaines de milliards de dollars mais comme elle avait échoué, il fallait les rembourser ! Le cinéaste Michael Moore se fit le porte-parole de cette révolte : « Wall Street et ses affidés ont créé ce gâchis et maintenant ils vont s'échapper comme des bandits ». Il montra également toutes les limites sociales de ce plan en affirmant « Rien dans ce plan ne va faire baisser le prix de l'essence que vous mettez dans votre voiture pour aller travailler. Rien dans cette facture ne va vous protéger contre la perte de votre maison. Rien dans cette facture ne va vous donner une assurance médicale ». La seconde force qui repoussait ce plan était composée de ceux (Républicains pour l'essentiel) qui dénonçaient l'intervention de l'Etat dans la finance et la transformation des USA en « URSSA » ! Finalement, le plan (passé à 840 milliards de dollars) a fini par être adopté par le Sénat le 1er octobre, puis, lors d'un deuxième vote, le 3 octobre, par la Chambre des représentants.
Miracle sarkozien : les caisses se remplissent !
Les caisses publiques étaient vides nous avertissaient Sarkozy qui avaient d'ailleurs fortement contribué à les siphonner pour remplir les caisses privées. Mais miracle, aujourd'hui, les caisses publiques sont de nouveaux pleines ! Sarkozy vient de retrouver 3 milliards d'euros (le double du financement du RSA) pour financer le rachat de la Banque franco-belge Dexia. Les gouvernements belges et néerlandais financent le restant : 3,4 milliards d'euros. L'Elysée annonce un plan « en faveur de la construction et du bâtiment » : le rachat de 30 000 logements par les organismes HLM. Un autre plan « en faveur des PME » est mis sur pied : 20 milliards d'euros qui devaient d'abord être pris sur les ressources du financement du logement social (le livret A). Ce plan sera, finalement, financé par une partie de la collecte des livrets de développement durable et des livrets d'épargne populaire dont les banques pourront disposer librement.
Tous ces financements sont faits au nom de la sauvegarde de l'emploi. Mais cela ne peut abuser que ceux qui le veulent bien. La droite n'a pas bougé le petit doigt ni surtout versé le moindre euro quand les entreprises licenciaient ou délocalisaient à la pelle. Pourquoi l'emploi serait-il brusquement devenu son principal souci ? Qui peut croire une telle fable ? La fondation Abbé Pierre qui voit surtout dans le plan d'aide à la construction un « soutien aux promoteurs ». Quant au Droit Au Logement (DAL) il dénonce une mesure qui « vient secourir des pyromanes responsables de la flambée de l'immobilier ». Le plan « en faveur des PME » présente, avant tout, l'opportunité d'offrir, selon les chiffres mêmes de l'Elysée « 17 milliards d'euros de dépôts supplémentaires remis dans le bilan des banques… » 17 milliards qui tombent vraiment à pic pour les banquiers. Et quand on sait que plus de 80 % des « grandes » PME (celles de plus de 300 salariés) appartiennent à des grands groupes et que la plupart des « petites » PME sont des sous-traitantes de ces mêmes grands groupes, il n'est guère d'illusion à se faire sur la destination finale de ces milliards d'euros : les profits des grandes sociétés. C'est toujours derrière le paravent de l'« aide à l'emploi » ou de l'« aide aux PME » que l'Etat fait profiter les grandes sociétés de ses largesses. La crise financière est un excellent prétexte pour continuer de plus belle. Curieusement, enfin, malgré une assistance de l'Etat de plusieurs dizaines de milliards d'euros, ni Sarkozy, ni Fillon ne s'aventure à traiter d' « assistés » promoteurs et banquiers. Ce terme semble réservé, pour ces gens de droite, à la stigmatisation de ceux que les politiques libérales ont plongés dans le chômage et la misère.
Une « idée folle »
Oubliant la façon dont il vantait le modèle américain, allant même, en avril 2007, jusqu'à annoncer qu'il réformerait le crédit hypothécaire français pour l'aligner sur le système américain à l'origine de la crise des « suprimes », le président de la République n'hésitait pas à proclamer, lors de son discours de Toulon, que « l'idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle » ais pourquoi, dans ces conditions, persévère-t-il dans l' « idée folle » de continuer à livrer aux marchés des domaines aussi précieux que le gaz, la poste, les transports ferroviaires ? Pourquoi faire reculer chaque jour d'avantage l'assurance maladie obligatoire devant les exigences des assurances privées ? Pourquoi livrer l'hôpital public à l'appétit insatiable des cliniques privées ? Pourquoi mettre à l'ordre du jour de la prochaine réunion entre le gouvernement et les organisations syndicales la retraite par capitalisation alors que les marchés et leurs fonds de pension viennent de condamner à la misère des centaines de milliers de futurs retraités américains ?
La majorité sortante du Parti Socialiste plus pâle que jamais
François Hollande se pose en gardien du temple, du traité d'Amsterdam et de la limitation des déficits. Bertrand Delanoë aura quelque peine à assumer son « je suis libéral et socialiste » maintenant que les dogmes libéraux sont en pleine débâcle. Quant à Ségolène Royal qui regrettait d'avoir eu à défendre (même si c'était du bout des lèvres) le Smic à 1500 euros et les 35 heures, comment pourrait-elle bien, aujourd'hui, justifier le dogme néolibéral de « d'abord créer des richesses », alors que la solution à la crise est justement de relancer l'économie et donc, d'abord, de redistribuer les richesses. A l'évidence, comme l'écrit notre camarade Philippe Marlière dans une tribune libre de l'Humanité « les débats du congrès de Reims n'opposeront pas « révolutionnaires et « réformistes, « audacieux » et « timides », mais des socialistes qui veulent rompre avec deux décennies de complicité avec le néolibéralisme et ceux qui s'y refusent ».
Jean-Jacques Chavigné
06/10/2008
=================================================
Qui est derrière la crise financière?
La manipulation des marchés et les spéculateurs institutionnels
par Michel Chossudovsky
Il y a des indices que la chute de Morgan Stanley a été concoctée par des rivaux. La veille de l'instauration de l'interdiction de la vente à découvert le 18 septembre, Morgan Stanley a fait l'objet d'attaques spéculatives par des rivaux:
A la suite de l'effondrement des marchés boursiers du lundi noir le 15 septembre, la Security Exchange Commission (SEC) a instauré une interdiction temporaire de vente à découvert. Dans une amère ironie, la SEC a dressé la liste d'un certain nombre d'entreprises qui étaient « protégées par les régulateurs de ceux qui font de la vente à découvert. » L'interdiction de vente à découvert du 18 septembre de la SEC concernait en grande partie les banques, les compagnies d'assurance et autres entreprises de services financiers. Les régulateurs servent les intérêts des spéculateurs La SEC était pleinement consciente du fait que l'interdiction de la vente à découvert servirait à exacerber la chute. | |
|
|
=================================================
Crise économique et responsabilité des peuples.
LOTY MALEBRANCHE Camille
Pourquoi nos grands histrions économistes des partis politiques et des gouvernements, débattent-ils à la télévision de choses si courantes dont on nous rebat les oreilles dans ce que les bulletins de presse appellent indolemment l'information ? Pourquoi tous ces débats-baragouins, ces psittacismes analphabètes proposés à l'ineptie du commun ?
Ici au Canada, Steven Harper, l'homme des riches, qui a du mal à structurer un énoncé, qui passe son temps à plagier les stupidités de Bush ou les impropriétés de Mike Harris ex premier ministre ayant détruit les services sociaux de la province de l'Ontario, joue grossièrement les condescendants, se présente par ces temps de campagne électorale canadienne, à la fois comme petit père du peuple canadien et homme de poigne malgré sa mignardise langagière qui lui donne l'air de chanter quand il intervient aux débats publics… Enfin, il est celui qui va punir plus durement le crime au pays, celui qui va aider les nouveaux acquéreurs de maisons à financer leur première propriété mais surtout celui qui va sauver l'économie via le sauvetage des banques qu'il a déjà tellement nourries de privilèges avant ce temps de crise… Cet homme qui parle en chantonnant ses mots, et que le Canada a le malheur d'avoir intronisé comme premier ministre, est en fait un vulgaire prétentieux qui hait les non possédants et se moque du peuple. Mais bon sang ! pourquoi ces dirigeants vilains, passablement incultes, bêtifiant, qui insultent notre intelligence avec des dires simplistes où ils croient nous abêtir ? Je réponds que c'est parce qu'il faut pousser l'imposture jusqu'au bout pour qu'il ait l'air vrai pour qu'il assouvisse les besoins d'illusion de souveraineté électorale du peuple ! La séduction par le paternalisme, voilà le visage travesti du séducteur politique offert au populo ; séduction qui passe par la condescendance du chef, comme si le peuple débilité, perdu, exproprié de la citoyenneté, rendu ombre de partis politiques qui présélectionnent ses soi disant « leaders » à la solde de la droite ploutocratique, avait constamment besoin d'être infantilisé, réifié et méprisé au moment même où l'on l'interpelle pour le vote ! Au vingtième siècle, on s'en souvient, la crise économique - qui menaçait la bourgeoisie et faisait surtout courir le risque de la paupérisation aux classes moyennes dans les sociétés des pays nantis - a abouti comme par incohérence, comme par renforcement négatif, à l'appui desdites classes moyennes au bourgeoisisme pourtant coupable de provoquer l'effondrement économique par ses mauvais choix. Ainsi le pire totalitarisme politique, l'ogre fasciste régna un temps et balaya le paysage politique et culturel avec ses pires monstruosités. Ce cas de figure fut exactement ce qui a prévalu dans l'Europe de l'entre-deux guerres mondiales du siècle dernier, et aujourd'hui, beaucoup plus insidieux et subtile, avec ses spécificités vicieuses, il est entrain de ressurgir sur l'échiquier politico-social mondial dans l'actuel contexte économique pervers sous forme de flagellation des moins nantis. Nous sommes au seuil d'un totalitarisme économique qui se dessine à l'envers des dirigismes anciens, dans le nouveau dirigisme ploutocratique mafieux de pillage de l'État par les gouvernements au profit des voyous en banqueroute. Hélas ! lorsque les gens des strates dites moyennes de la société, se retrouvent paniquer, ils s'en remettent à l'autorité forte censée endiguer la mollesse de la gouvernance qui aurait suscité leurs déboires ! Ces gens si loin de la citoyenneté, qu'ils aident les ploutocrates à dénaturer l'État ignorent en fait que ceux qu'ils adulent sont les principaux coupables de la situation décriée. C'est de là que l'autoritarisme prend son essor et noie la société. Les plus paupérisés, les plus précaires au travail, les chômeurs, les immigrants sans le sou, les jeunes démunis sont soudain soupçonnés de parasitisme en bons boucs émissaires des riches sybarites, et les vrais parasi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 91 autres membres