Crise financière fin
NE VOUS ENDETTEZ PAS !
Avoir des dettes est plus honteux que de ne pas avoir d’écran plat ! Laissez les dettes aux riches, soyez riche de votre dignité
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Réunis à Lima ce week-end, les 21 pays dirigeants du Forum de coopération économique Asie-Pacifique ont appelé à une « action rapide et décisive » pour affronter le ralentissement économique mondial. Ils se sont aussi engagés à ne pas imposer de nouvelle barrière protectionniste pendant un an. C'était le dernier voyage à l'étranger du président George Bush avant son départ de la Maison Blanche. A Lima, les dirigeants chinois et russe se sont aussi entendus « pour gérer d'une façon pratique les questions importantes pour les deux pays et le monde entier », même si « des différences persistent ».
Dimanche soir, à Lima, les dirigeants des 21 pays riverains du Pacifique ont dans leur déclaration finale souligné que la crise financière était « un des plus sérieux défis économiques » auxquels ils avaient été confrontés.
Alors que la veille ils se disaient confiants dans le fait que la crise serait surmontée en 18 mois, ils ont cette fois promis d'agir « rapidement et de façon décisive pour affronter le ralentissement économique mondial imminent », saluant au passage les mesures monétaires et fiscales déjà décidées par certains pays membres.
Pas question en revanche de laisser la place à un quelconque retour du protectionnisme, ont-ils affirmé, en écho à George Bush, le président américain dont c'était le dernier dernier voyage officiel. Ce sont les principes du libre-échange qui continueront de favoriser la croissance mondiale, l'emploi et la réduction de la pauvreté, ont-il affirmé, appelant à une « conclusion rapide ambitieuse et équilibrée » des négociations du cycle de Doha pour libéraliser les échanges, en particulier agricoles.
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Dmitri Medvedev a quitté le sommet de l'APEC, organisé les 22 et 23 novembre dans la capitale péruvienne, pour revenir ensuite à Lima en visite officielle le 24 novembre. Pour le président russe, la rencontre avec les leaders du forum de coopération économique Asie-Pacifique s'est muée, tout naturellement, en sa première tournée latino-américaine. Du 24 au 28 novembre, il visitera le Pérou, le Brésil, le Venezuela et Cuba. Les voyages dans ces pays seront pour lui plus importants que le forum de l'APEC, car, aussi respectable que soit cette réunion, elle n'est qu'un club de discussion. Ses membres ne sont pas liés par des engagements ou statuts, ni même par la nécessité d'appliquer les déclarations qu'ils approuvent par consensus: tout ce qui se fait dans le cadre de l'APEC repose sur le principe du volontariat.
Le forum actuel a suivi le récent sommet du G20 à Washington et en a, bien entendu, pris le relais. La rencontre de Lima avait ceci de particulier qu'elle a adopté deux déclarations au lieu d'une. En supplément à la Déclaration politique de Lima, les participants ont approuvé une déclaration économique spéciale. Celle-ci comporte des engagements en 12 points. Tout le monde a soutenu, en principe, les dispositions approuvées à Washington il y a une semaine. Dix des 21 membres de l'APEC font partie du G20, et ils ont donc tout simplement réaffirmé leur approbation. Rappelons que l'APEC, créé en 1989, regroupe la Russie (depuis 1999), l'Australie, Brunei, le Vietnam, Hong Kong, l'Indonésie, le Canada, la Chine, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis, la Thaïlande, Taïwan, les Philippines, le Chili, la Corée du Sud et le Japon. En 2012, le sommet de l'APEC devrait se tenir en Russie, dans l'île Rousski, non loin de Vladivostok.
Les participants à la rencontre de Lima se sont engagés à promouvoir la libéralisation du commerce, à intensifier le Round de Doha des négociations commerciales au sein de l'OMC, à augmenter le montant des versements au Fonds monétaire international, à lutter contre la crise globale, à intensifier la lutte contre le dernier des "nouveaux maux", à savoir la piraterie maritime. Parmi les mesures concrètes, on peut citer la décision de suspendre l'introduction de nouvelles normes protectionnistes au cours des douze mois à venir. D'ailleurs, les normes existantes sont déjà très nombreuses. En ce qui concerne le Round de Doha, qui piétine depuis déjà sept ans, lors de chaque sommet annuel, depuis 2003, l'APEC s'engage à le promouvoir. Pour l'instant, ces engagements n'ont rien donné.
La Déclaration finale de Lima affirme que la crise actuelle sera définitivement surmontée dans 18 mois. On dit que cette formule a été introduite dans le document sur les instances du président péruvien, Alan Garcia. Celui-ci se trouve dans une situation relativement compliquée, liée à l'actuelle crise économique. Les flambées des prix, l'inflation galopante, la pauvreté, le mécontentement face à l'extravagance de Garcia ne font que s'accroître dans le pays. Sa cote de popularité est passée sous la barre des 19% critiques. Il a donc besoin d'enregistrer des succès sur le front économique, et la fixation des délais de règlement de la crise conviennent parfaitement. Garcia souhaite être réélu au poste de président. Il appartient au "parti" de centre-gauche des leaders latino-américains contemporains, qui constituent la majorité en Amérique latine. A l'exception de la Colombie, tous les Etats de la région ont des présidents et premiers ministres de gauche, ou sympathisants de la gauche. Mais quelles que soient ses options politiques, Alan Garcia a réussi à se brouiller tant avec le fougueux Vénézuélien Hugo Chavez qu'avec le président bolivien Evo Morales.
La Russie maintient, depuis la fin des années 1970, de très bonnes relations avec le Pérou, quel que soit le dirigeant de ce pays. Un grand nombre de Péruviens continuent de venir en Russie pour y recevoir une formation; l'armée péruvienne utilise des armements soviétiques et des hélicoptères russes. La coopération militaire technique avec Lima sera poursuivie. La Russie est tout prête à coopérer avec ce pays dans la prospection et la mise en valeur de gisements pétroliers au Pérou.
En fait, l'odeur du pétrole et du gaz a accompagné la tournée du président russe. Le Brésil n'a pas fait exception. Cet Etat, qui fait partie du BRIC et qui est considéré comme un "continent à part", ne peut pas laisser indifférente la Russie, d'autant que Moscou est disposé à étendre les liens bilatéraux. Le déplacement de Medvedev au quartier général de la plus grande compagnie pétrolière publique du pays, Petrobras, sera l'un des plus importants événements de sa visite, de même que ses rencontres avec les dirigeants des entreprises publiques et privées spécialisées dans l'énergie, l'industrie minière, le secteur agroindustriel et la sphère bancaire. Gazprom inaugurera l'année prochaine sa représentation au Brésil. Moscou et Brasilia seraient prêts à élargir leur coopération dans le domaine spatial et pourraient construire conjointement un cosmodrome à proximité de l'équateur.
Le Venezuela, quant à lui, est "le premier parmi les égaux". Moscou a établi une "coopération stratégique" avec Hugo Chavez. Les deux pays créent une banque commune avec un capital de 4 milliards de dollars pour financer la construction de raffineries de pétrole. La Russie est prête à aider le Venezuela à créer des centrales nucléaires, Rusal a annoncé la construction d'une usine d'aluminium, VAZ est prêt à y implanter des usines automobiles. Depuis 2005, Caracas a signé avec Moscou douze contrats sur les livraisons d'armes, allant des fusils d'assaut Kalachnikov, des chars T-90 et des voitures de transport blindées aux chasseurs Su et aux hélicoptères, pour un montant total de 4 milliards de dollars. A présent, il souhaite acheter des sous-marins et des navires russes. Dmitri Medvedev et Hugo Chavez "inaugurent", le 25 novembre, les premiers exercices navals russo-vénézuéliens de grande envergure qui "taquineront" les Etats-Unis jusqu'au 30 novembre.
Cuba devait absolument figurer sur la liste medvédévienne des pays à visiter. Les relations entre Moscou et La Havane semblent connaître un essor. Les négociations à Cuba devraient aboutir à une entente sur la prospection et la mise en valeur conjointes de gisements pétroliers dans la partie cubaine du golfe du Mexique. Un forage d'essai vient d'y être organisé.
Le voyage de Medvedev illustre bien l'évolution du processus de désidéologisation des relations entre la Russie et l'Amérique latine. Celles-ci étaient déjà marquées auparavant par un puissant élément national-pragmatique (les Russes ont, en effet, fait de la voiture soviétique Lada l'automobile la plus vendue au Chili à l'époque de Pinochet). A présent, cet élément national-pragmatique se renforce. On peut à cet égard remercier George W. Bush.
Bush a lui aussi "désidéologisé" les relations avec l'Amérique latine, mais en poussant cette désidéologisation a fond. En huit ans de présidence de Bush, pratiquement tous les pays situés au sud du canal de Panama, excepté peut-être le Mexique, ont été quasiment délaissés. Ceux qui, à Washington, cherchent à intimider les Américains en leur montrant que la Russie "s'implante activement sur le continent, oublient que les Etats-Unis ont longtemps soutenu toutes les dictatures d'Amérique du Sud, avant de se mettre à négliger sa "basse-cour". Or, les Latino-Américains ont invité eux-mêmes la Russie à coopérer, et celle-ci n'a pas eu besoin de beaucoup s'agiter pour cela. Mais il serait erroné de se laisser bercer d'illusions quant au "créneau latino-américain" de la Russie. Les Etats-Unis ne s'en retireront pas et y rétabliront leur influence et leurs liens, qui se sont rétrécis comme une peau de chagrin à l'époque de Bush. Le grand rétablissement pourrait se produire pendant la présidence de Barack Obama, mais personne ne saurait prédire à quelle date. En attendant, parmi les priorités d'Obama on trouve la crise économique et les guerres en Irak et en Afghanistan. Le retour des Etats-Unis dans sa "basse-cour" risque de prendre un certain temps.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.
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« Comme un enfant dans un magasin de bonbons »
Alors que, parallèlement aux faillites, se profile une vaste recomposition du secteur bancaire, des attaques spéculatives ont pour objectif de faire s’effondrer le cours d’actions de certaines banques déjà affaiblies pour permettre leur rachat à des prix bradés. Avec un cynisme à peine croyable, le président de
Le capitalisme est en crise.
Hier si arrogant, si suffisant, si grandiloquent, le voici coincé dans ses contradictions. Incapable de s’autoréguler, il montre son vrai visage : la recherche du profit maximum, la loi de la jungle, la concurrence sans limite, la guerre économique permanente. Au mépris de la survie de la planète.
Pendant 30 ans on a assisté à un matraquage idéologique sur la « faillite de l’Etat et de sa bureaucratie » et la glorification du « libre jeu du marché ». On voit où cela nous a mené…
Des montages sophistiqués ont transformé la société en vaste casino où quelques « experts » branchés jouent avec l’argent et la vie des gens. Cette grave crise financière sera payée par les contribuables (impôts, taxes,...) et par les pays en développement qui verront toutes leurs factures s’envoler (nourriture, médicaments, pièces de rechange, biens d’équipement,...) dans les prochains mois.
Qui produit la richesse ?
L’humanité n’a jamais produit autant de richesse, mais jamais la pauvreté n’a été aussi répandue. Le problème principal est donc qui s’approprie la richesse produite, car elle sert plus que jamais à « rémunérer » les actionnaires et de moins en moins à satisfaire les besoins sociaux.
C’est le travail de tous, et lui seul, qui produit la richesse, le capital n’en produit pas. Dès lors il n’est ni archaïque, ni immoral de revendiquer que cette richesse produite collectivement serve à l’amélioration des conditions de vie de tous.
Qui est responsable de la crise ?
Les banques, les compagnies d’assurances, les sociétés de crédit, les fonds de pension ou d’investissement, le patronat sont responsables de la crise actuelle.
En injectant des centaines de milliards de dollars dans le système financier, États et banques centrales ne font que renflouer ceux-là mêmes qui sont responsables de la crise.
Bien plus qu’une vague « commission d’enquête », la levée du secret bancaire est indispensable pour faire toute la lumière sur les mouvements spéculatifs.
Comment en sortir ?
Ce n’est pas aux salariés de payer la crise alimentée par la spéculation financière.
Il faut un plan d’urgence qui s’attaque à la racine de la crise. La recette traditionnelle des capitalistes, à savoir la nationalisation des pertes aujourd’hui et la privatisation des bénéfices demain, nous replongera au prochain cycle dans le même marasme. Toujours plus profond pour des millions de citoyens du monde.
Des mesures radicales s’imposent
La crise que nous traversons n’est pas un accident du capitalisme, un excès, un dérapage momentané. Elle est au cœur même de sa logique et c’est là qu’il faut tailler.
1. Nationaliser (= rendre à la nation) tous les organismes financiers, les banques et les assurances.
2. Instaurer une réglementation financière à l’échelle mondiale et de forts mécanismes de contrôle démocratiques.
3. Créer un système bancaire mutualisé qui drainera l’épargne, et se chargera du crédit. Un service bancaire public très largement décentralisé, accessible à tous, dans tous les quartiers et les villages.
4. Mettre fin à tous les privilèges, « parachutes dorés », et rémunérations « hors normes » qui incitent les « responsables » à emballer la machine.
5. Investir largement dans des services publics performants (enseignement, poste et télécommunications, transports publics,…) et des initiatives de développement durable.
6. Créer une Sécurité Sociale étendue, plutôt que de spéculer avec l’argent des travailleurs à travers les fonds de pension. Renforcer la pension légale, arrêter de défiscaliser les pensions privées. Rétablir le caractère d’assurance des allocations de chômage plutôt que faire la chasse aux chômeurs.
7. Relever les salaires et les allocations sociales grâce à un retour à une négociation collective salariale libre, un renforcement du système d’indexation salariale et de liaison des allocations au bien-être, la restauration d’une fiscalité directe réellement progressive et fortement redistributive vers les rémunérations basses et moyennes.
Premiers signataires
Raouf Ben Ammar (BE - UAG - CAP – FSBx), Marc Beugin (FR – syndicaliste CGT), Aline Bingen, Didier Brissa (BE - UAG), Freddy Bouchez (BE – accompagnateur syndical FGTB/Centre), Yannick Bovy (BE - militant syndical et altermondialiste), Anne Carlier, Céline Caudron (BE - LCR), Nico Cué (BE - secrétaire général MWB-FGTB), Michèle De Deken (BE – syndicaliste), Anne-Marie Delsaut (BE – syndicaliste), Vincent Demonty (BE – FGTB-CGSP enseignement - Président de la délégation de Chaudfontaine), Pierre Denoël, Marie-Claire Depas (citoyenne du Monde), Gaëlle Derede, Jean-Claude Deroubaix (BE – sociologue), Freddy Dewille (BE - Conseiller communal du groupe "Gauche" Anderlues), Didier Dirix (BE - Syndicaliste), Julien Dohet (BE - historien du mouvement ouvrier), Pascal Durand (BE - professeur d’université), Guy Fays (BE – syndicaliste FGTB Namur), Marie-Anne Fourneaux, Cristina Gay (BE - porte-parole, pour Une Autre Gauche), Aoued Gherbi, Corinne GOBIN (BE - politologue ULB), Léon Gosselain (BE – Climat et Justice Sociale), Christian Guilmot (BE – syndicaliste), Nancy Hardy, Denis Horman (BE – LCR), Alba Izzo, Paul Lootens (BE – syndicaliste FGTB), Freddy Mathieu (BE – syndicaliste), Peter Mertens (BE – PTB), Georget Mourin, Anne Mycinski, Georges Peeters (BE – syndicaliste), Angelo Pitzus, Isabelle Ponet (BE - LCR-Liège), Jean-François Ramquet (BE – syndicaliste), Daniel Richard (syndicaliste wallon), Ataulfo Riera (BE – LCR), Gille Smedts (BE – Parti Humaniste), Olivier Starquit (membre du collectif Le Ressort), Théâtre du Copion (BE), Roger Vander Cammen (BE - Délégué syndical MWB-FGTB), Alain Van Praet (BE - Délégué principal CSC-Transcom), Hendrik Vermeersch (BE – Secrétaire BBTK/SETCa BHV), Bernard Wauthy (citoyen du Monde)
Pour vous associer à ce texte :
http://petitions.agora.eu.org/magasin-de-bonbons/index.html
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CRISE ÉCONOMIQUE • Paris et Berlin rejettent le choix de Londres
Mesure centrale du plan présenté par le ministre des Finances britannique, Alistair Darling, la baisse de la TVA de 17,5 à 15 % jusqu'à la fin 2009 au Royaume-Uni a d'emblée été rejetée par Paris et Berlin, rapporte le Financial Times. "Cette décision anéantit tout espoir d'un plan de relance budgétaire rapide et coordonné des plus importantes économies d'Europe", commente le quotidien économique. A l'issue de sa rencontre, hier, à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré qu'"une baisse générale de la TVA [était] peut-être la réponse choisie par certains pays, mais pas par la France ni l'Allemagne". Les deux dirigeants n'ont cependant pas adopté de position commune sur la façon de protéger la zone euro de l'impact de la récession.
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Débâcle financière, crise systémique : réponses illusoires et réponses nécessaires
dimanche 23 novembre 2008 par Samir Amin
La crise financière était inévitable.
Nous n’avons pas été surpris par l’explosion brutale de cette crise, que j’avais d’ailleurs évoquée il y a quelques mois alors que les économistes conventionnels s’employaient à en minimiser les conséquences, notamment en Europe. Pour saisir sa genèse, il faut se débarrasser de la définition courante du capitalisme que l’on définit aujourd’hui comme « néo-libéral mondialisé ». Cette qualification est trompeuse et cache l’essentiel. Le système capitaliste actuel est dominé par une poignée d’oligopoles qui contrôlent la prise des décisions fondamentales dans l’économie mondiale.
Des oligopoles qui ne sont pas seulement financiers, constitués de banques ou d’assurances, mais de groupes intervenant dans la production industrielle, dans les services, les transports, etc. Leur caractéristique principale est leur financiarisation. On doit entendre par là que le centre de gravité de la décision économique a été transféré de la production de plus value dans les secteurs productifs, vers la redistribution des profits occasionnée par les produits dérivés des placements financiers. C’est une stratégie poursuivie délibérément non par les banques mais par les groupes « financiarisés ». Ces oligopoles ne produisent d’ailleurs pas de profits, ils raflent tout simplement une rente de monopoles par le biais de placements financiers.
Ce système est extrêmement profitable aux segments dominants du capital. Ce n’est donc pas une économie du marché, comme on veut le dire, mais un capitalisme d’oligopoles financiarisés. Cependant la fuite en avant dans le placement financier ne pouvait pas durer éternellement, alors que la base productive ne croissait qu’à un taux faible. Cela n’était pas tenable. D’où la dite « bulle financière », qui traduit la logique même du système de placements financiers. Le volume des transactions financières est de l’ordre de deux mille trillions de dollars alors que la base productive, le PIB mondial est de 44 trillions de dollars seulement. Un multiple gigantesque. Il y a trente ans, le volume relatif des transactions financières n’avait pas cette ampleur. Ces transactions étaient destinées à titre majeur à la couverture des opérations directement exigées par la production et le commerce intérieur et international La dimension financière de ce système des oligopoles financiarisés était – ais je déjà dit – le talon d’Achille de l’ensemble capitaliste. La crise devait donc être amorcée par une débâcle financière.
Derrière la crise financière, la crise systémique du capitalisme vieillissant
Mais il ne suffit pas d’attirer l’attention sur la débâcle financière. Derrière elle, se dessine une crise de l’économie réelle car la dérive financière elle-même va asphyxier la croissance de la base productive ; les solutions apportées à la crise financière ne peuvent que déboucher sur une crise de l’économie réelle. C’est-à-dire une stagnation relative de la production, avec ce qu’elle va entraîner ; régression des revenus des travailleurs, accroissement du chômage, précarité grandissante et aggravation de la pauvreté dans les pays du sud. On doit maintenant parler de dépression et non plus de récession.
Et derrière cette crise se profile à son tour la véritable crise structurelle systémique du capitalisme. La poursuite du modèle de la croissance de l’économie réelle telle que nous le connaissons et de celui de la consommation qui lui est associé, est devenu, pour la première fois dans l’histoire, une véritable menace pour l’avenir de l’humanité et de la planète.
La dimension majeure de cette crise systémique concerne l’accès aux ressources naturelles de la planète, devenues considérablement plus rares qu’il y a un demi siècle. Le conflit Nord/Sud constitue de ce fait l’axe central des luttes et des conflits à venir.
Le système de production et de consommation/gaspillage en place interdit l’accès aux ressources naturelles du globe à la majorité des habitants de la planète, les peuples des pays du sud. Autrefois un pays émergent pouvait prélever sa part de ces ressources sans remettre en question les privilèges des pays riches. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La population des pays opulents - 15% de la population de la planète – accapare pour sa seule consommation et son gaspillage 85% des ressources du globe, et ne peut pas tolérer que des nouveaux venus puissent accéder à ces ressources, car ils provoqueraient des pénuries graves qui menaceraient les niveaux de vie des riches.
Si les Etats-unis se sont donnés l’objectif du contrôle militaire de la planète, c’est parce qu’ils savent que sans ce contrôle ils ne peuvent pas s’assurer l’accès exclusif à ces ressources. Comme on le sait, la Chine, l’Inde et le sud dans son ensemble ont également besoin de ces ressources pour leur développement. Pour les Etats-Unis, il s’agit impérativement d’en limiter l’accès et, en dernier ressort, il n’y a qu’un moyen, la guerre.
D’autre part, pour économiser les sources d’énergie d’origine fossile, les Etats-Unis, l’Europe et d’autres développent des projets de production d’agro-carburants à grande échelle, au détriment de la production vivrière dont ils accusent la hausse des prix.
Les réponses illusoires des pouvoirs en place
Les pouvoirs en place, au service des oligopoles financiers, n’ont pas de projet autre que celui de remettre en selle ce même système. Les interventions des Etats sont d’ailleurs celles que cette oligarchie leur commande. Néanmoins le succès de cette remise en selle n’est pas impossible, si les infusions de moyens financiers sont suffisants et si les réactions des victimes – les classes populaires et les nations du Sud – demeurent limitées. Mais dans ce cas le système ne recule que pour mieux sauter et une nouvelle débâcle financière, encore plus profonde, sera inévitable, car les "aménagements" prévus pour la gestion des marchés financiers et monétaires sont largement insuffisants, puisqu’ils ne remettent pas en cause le pouvoir des oligopoles.
Par ailleurs ces réponses à la crise financière par l’injection de fonds publics faramineux pour rétablir la sécurité des marchés financiers, sont amusantes : alors que les profits avaient été privatisés, dès lors que les placements financiers s’avèrent menacés, on socialise les pertes ! Pile, je gagne, face, tu perds.
Les conditions d’une réponse positive véritable aux défis
Il ne suffit pas de dire que les interventions des Etats peuvent modifier les règles du jeu, atténuer les dérives. Encore faut il en définir les logiques et la portée sociales. Certes on pourrait en théorie revenir à des formules d’association des secteurs publics et privés, d’économie mixte comme pendant les trente glorieuses en Europe et de l’ère de Bandoung en Asie et en Afrique lorsque le capitalisme d’Etat était largement dominant, accompagné de politiques sociales fortes. Mais ce type d’interventions de l’Etat n’est pas à l’ordre du jour. Et les forces sociales progressistes sont elles en mesure d’imposer une transformation de cette ampleur ? Pas encore à mon humble avis.
L’alternative véritable passe par le renversement du pouvoir exclusif des oligopoles, lequel est inconcevable sans finalement leur nationalisation pour une gestion s’inscrivant dans leur socialisation démocratique progressive. Fin du capitalisme ? Je ne le pense pas. Je crois en revanche que de nouvelles configurations des rapports de force sociaux imposant au capital à s’ajuster, lui, aux revendications des classes populaires et des peuples, est possible. A condition que les luttes sociales, encore fragmentées et sur la défensive dans l’ensemble, parviennent à se cristalliser dans une alternative politique cohérente. Dans cette perspective l’amorce de la longue transition du capitalisme au socialisme devient possible. Les avancées dans cette direction seront évidemment toujours inégales d’un pays à l’autre et d’une phase de leur déploiement à l’autre.
Les dimensions de l’alternative souhaitable et possible sont multiples et concernent tous les aspects de la vie économique, sociale, politique. Je rappellerai ici les grandes lignes de cette réponse nécessaire :
(i) la ré invention par les travailleurs d’organisations adéquates permettant la construction de leur unité transcendant l’éclatement associé aux formes d’exploitation en place (chômage, précarité, informel). (ii) la perspective est celle d’un réveil de la théorie et de la pratique de la démocratie associée au progrès social et au respect de la souveraineté des peuples et non dissociée de ceux-ci. (iii) se libérer du virus libéral fondé sur le mythe de l’individu déjà devenu sujet de l’histoire. Les rejets fréquents des modes de vie associés au capitalisme (aliénations multiples, patriarcat, consumérisme et destruction de la planète) signalent la possibilité de cette émancipation. (iv)se libérer de l’atlantisme et du militarisme qui lui est associé, destinés à faire accepter la perspective d’une planète organisée sur la base de l’apartheid à l’échelle mondiale.
Dans les pays du Nord le défi implique que l’opinion générale ne se laisse pas enfermer dans un consensus de défense de leurs privilèges vis-à-vis des peuples du Sud. L’internationalisme nécessaire passe par l’anti impérialisme, non l’humanitaire.
Dans les pays du Sud la stratégie des oligopoles mondiaux entraîne le report du poids de la crise sur leurs peuples (dévalorisation des réserves de change, baisse des prix des matières premières exportées et hausse de ceux des importations). La crise offre l’occasion du renouveau d’un développement national, populaire et démocratique autocentré, soumettant les rapports avec le Nord à ses exigences, autrement dit la déconnexion. Cela implique :
(i)la maîtrise nationale des marchés monétaires et financiers (ii)la maîtrise des technologies modernes désormais possible (iii)la récupération de l’usage des ressources naturelles (iv)la mise en déroute de la gestion mondialisée dominée par les oligopoles (l’OMC) et du contrôle militaire de la planète par les Etats-Unis et leurs associés. (v)se libérer des illusions d’un capitalisme national autonome dans le système et des mythes passéistes. (vi)La question agraire est en effet au cœur des options à venir dans les pays du tiers monde. Un développement digne de ce nom exige une stratégie politique de développement agricole fondée sur la garantie de l’accès au sol de tous les paysans (la moitié de l’humanité). En contrepoint les formules préconisées par les pouvoirs dominants - accélérer la privatisation du sol agraire, et transformer le sol agraire en marchandise- entraînent l’exode rural massif que l’on connaît. Le développement industriel des pays concernés ne pouvant pas absorber cette main d’œuvre surabondante, celle ci s’entasse dans les bidonvilles ou se laisse tenter par les aventures tragiques de fuite en pirogue à travers l’Atlantique. Il y a une relation directe entre la suppression de la garantie de l’accès au sol et l’accentuation des pressions migratoires. (vii)L’intégration régionale, en favorisant le surgissement de nouveaux pôles de développement, peut elle constituer une forme de résistance et d’alternative ? La régionalisation est nécessaire, peut être pas pour des géants comme la Chine et l’Inde, ou même le Brésil, mais certainement pour beaucoup d’autres régions, en Asie du sud-est, en Afrique ou en Amérique Latine. Ce continent est un peu en avance en ce domaine. Le Venezuela a opportunément pris l’initiative de créer l’Alba (Alternative bolivarienne pour l’Amérique latine et les Caraibes) et la Banque du Sud (Bancosur), avant même la crise. Mais l’ Alba - un projet d’intégration économique et politique - n’a pas encore reçu l’adhésion du Brésil ni même de l’Argentine. En revanche, le Bancosur, censé promouvoir un autre développement, associe également ces deux pays, qui jusqu’à présent ont une conception conventionnelle du rôle de cette banque.
Des avancées dans ces directions au Nord et au Sud, bases de l’internationalisme des travailleurs et des peuples, constituent les seuls gages de la reconstruction d’un monde meilleur, multipolaire et démocratique, seule alternative à la barbarie du capitalisme vieillissant. Plus que jamais le combat pour le socialisme du 21 ième siècle est à l’ordre du jour.
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Des mouvements sociaux « alternatifs » contre la relance du système capitaliste néolibéral
dimanche 23 novembre 2008 par Wooldy Edson Louidor
Des mouvements sociaux « alternatifs » en Amérique latine dénoncent la réunion des 20 principales économies du monde (le G20), tenue à Washington le 15 novembre dernier.
Ce sommet a été convoqué par le président américain sortant George W. Bush, comme une tentative des responsables de l´actuelle crise financière mondiale de relever le système capitaliste néolibéral en agonie.
Pendant que les leaders des pays industrialisés et émergents cherchent à bâtir un plan de réforme du système financier international pour résoudre la crise et « garantir qu´une crise comme celle-ci ne se reproduira pas », ces mouvements sociaux de la région latino-américaine, dont trois pays (le Brésil, l´Argentine et le Mexique) ont été invités au sommet du G20, n´ont cessé de plaider pour un nouvel ordre économique mondial.
Colombie : Surseoir à la signature du Traité de Libre Échange avec les États-Unis d´Amérique
Une marche d’environ 30 000 indigènes, provenant du département de Cauca (au Sud de la Colombie), doit aboutir ce 18 novembre à Bogota pour réclamer des milliers d´hectares de terres que les gouvernements colombiens leur avaient promises depuis des décennies, ainsi qu’une réorientation des priorités de l’équipe au pouvoir.
Les indigènes, en route depuis le 11 octobre dernier, réclament aussi le respect et la protection des droits humains dans le pays. Ils exigent à l´actuel gouvernement colombien de parapher la Déclaration Universelle des Peuples Indigènes et de sursoir à la signature du Traité de Libre Échange avec les États-Unis d´Amérique en phase de ratification au Congrès nord-américain.
Après deux tentatives de négociation infructueuses avec l´actuel président colombien Álvaro Uribe Vélez, les indigènes, qui entendent faire de cette marche une minga (mot indigène qui signifie travail collectif) de résistance pacifique, prévoient d´arriver ce 18 novembre à Bogotá pour continuer la lutte au siège même du pouvoir central du pays.
La signature du Tlc avec les États-Unis d´Amérique mettrait, selon les organisateurs de la marche, la population indigène « face à un risque imminent » parce que, déclarent-ils, cet accord ne fera que continuer les processus de colonisation et d´invasion de ses territoires.
En permettant l´installation de multinationales qui favoriseront les monocultures sur les terres que l´État colombien expropriera aux indigènes ou refusera de leur concéder, le TLC provoquera des déplacements massifs de communautés autochtones et leur enlèvera leur principale source de survie.
À travers cette marche, les indigènes convient les autres mouvements sociaux du pays à construire un projet de nation différent, en articulant un « agenda multiethnique, ouvert, divers et inclusif ».
Venezuela : « Impulser des solutions alternatives »
Depuis le 17 octobre dernier, le « Réseau d´intellectuels et d´artistes défenseurs de l´Humanité » et le « Forum Mondial des Alternatives » se sont prononcés, dans un communiqué conjoint, contre le fait que « les décisions (pour résoudre la crise) soient assumées par les mêmes coupables de la crise tels que le G8, le G20 et son Forum de Stabilisation financière ou les organismes multilatéraux, le Fonds Monétaire International (Fmi), l´Organisation Mondiale du Commerce (Omc) ou la Banque Mondiale (Bm) ».
Dans le même document, que les deux réseaux latino-américains ont sorti à la fin d´une réunion de quatre jours (du 13 au 17 octobre 2008) à Caracas (Venezuela), ils insistent sur la nécessité de « créer de nouveaux espaces de décision avec la participation et la mobilisation des gouvernements, des institutions intergouvernementales, des mouvements sociaux et des intellectuels pour impulser des solutions alternatives orientées vers un nouvel ordre financier et une nouvelle économie ».
Argentine : Mettre fin à la dépendance
D´autre part, en Argentine un groupe d´intellectuels, d´activistes sociaux, ainsi que des organisations sociales et politiques ont écrit une lettre à la présidente Cristina Fernández de Kirchner, avant son départ pour la réunion du G20 dont l´objectif, selon les signataires, est de « faire payer aux Peuples le prix de cette crise internationale qu´eux-mêmes (les gouvernements du G8, du G20 et les hauts responsables des institutions financières internationales telles que le Fmi et la Bm) ont provoquée ».
Ils signalent que « l´actuelle crise économique mondiale met en débat les politiques économiques hégémoniques actuelles au niveau international qui ont promu durant les trente dernières années la libéralisation de l´économie en faveur du capital transnational ».
Promettant le développement, l´équité et la réduction de la pauvreté, les pays riches ont stimulé dans la région cette libéralisation à travers des « mécanismes pervers tels que la promotion de la signature des Traités de Libre Échange (Tlc, pour son sigle en espagnol Tratado de Libre Comercio) et des Traités Bilatéraux d´investissement (Tbi) » respectivement avec les États-Unis d´Amérique et l´Union Européenne », critiquent-ils dans la même lettre.
Ces traités n´ont fait que favoriser ces pays riches « qui pourtant adoptent chez eux des politiques protectionnistes » et entraîner pour les nations latino-américaines des conséquences néfastes telles que le pillage de leurs ressources naturelles, la précarisation du travail, l´appauvrissement de la grande majorité, ainsi qu´un système d´endettement qui les a dépouillés de leurs biens naturels et financiers.
À la fin de la lettre, les signataires invitent le gouvernement argentin à établir des mécanismes susceptibles d´aplanir le chemin pour mettre fin à la dépendance.
Equateur : « Coordonner la résistance »
En Équateur, la Coordination Andine des Organisations Indigènes (Caoi) vient de protester contre les négociations récemment entreprises par l´actuel président du pays, Rafael Correa, avec l´Union européenne pour la signature d´un traité de libre échange perversement appelé « Accord d´association ».
Cet accord faciliterait, selon la Caoi, le pillage par la Banque européenne des Investissements et les multinationales de ce continent qui s´attèleront à extraire les biens naturels de ce pays sud-américain, tout en violant les droits des travailleurs et les droits des collectivités, spécialement les droits territoriaux des Peuples indigènes.
Cette fédération équatorienne sollicite l’appui des mouvements sociaux et indigènes du pays et de la région ainsi que les mouvements sociaux européens dans cette lutte de manière à « coordonner ensemble la résistance et la construction de propositions alternatives à la mondialisation néolibérale ».
Le Sommet du G20 a réuni les 20 plus grandes économies du monde, dont le G8 (les 8 pays les plus industrialisés, à savoir l´Allemagne, la France, Les États-Unis d´Amérique, le Japon, le Canada, l´Italie, la Grande Bretagne et la Russie), l´Union Européenne et 11 pays émergents : l´Argentine, l´Australie, l´Arabie Saoudite, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l´Inde, l´Indonésie, le Mexique, l´Afrique du Sud et la Turquie.
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La famine mondiale ignorée des grands décideurs nord-américains
par Peter Phlilips
Un rapport tout récent de la Banque mondiale, daté du 02/09/08, admet qu’en 2005, trois milliards 140 millions de personnes ont vécu avec moins de 2,50 dollars par jour. Et que 44% d’entre eux ont même survécu avec moins de 1,25 dollar.
Le 12 novembre 2008
Le seul constat possible face à une situation qui frappe un si grand nombre d’individus, essentiellement dans les zones urbaines, est la désolation complète et totale. Des choses simples comme le téléphone, l’alimentation, les vacances, la télévision, les soins dentaires et de santé sont inabordables pour des milliards de gens.
Starvation.net enregistre les impacts grandissants de la famine mondiale et de la privation totale de nourriture. Chaque jour, 30 000 personnes, dont 85% sont des enfants de cinq ans et moins, meurent de malnutrition, de maladies guérissables ou de famine. Le nombre de décès que l’on aurait pu éviter en 40 ans dépasse les 300 millions.
Ce sont ces personnes que David Rothkopf, dans son livre Superclass, appelle les « malchanceux » :
« Si vous êtes nés à la mauvaise place, comme en Afrique sub-saharienne… vous manquez de chance » écrit Rothkopf. Celui-ci continue en décrivant comment les 10% des personnes au sommet de l’échelle mondiale possèdent 84% de la richesse et comment la moitié la plus pauvre possède à peine 1%. Dans les 10% au sommet, les riches propriétaires sont les 1000 milliardaires mondiaux.
Mais cette disparité financière est-elle réellement due à la « malchance », ou n’est-ce pas plutôt le fruit de politiques soutenues par l’élite politique qui protège une minorité aux dépens du plus grand nombre?
Les agriculteurs mondiaux cultivent plus que ce qu’il faut pour nourrir correctement toute la population de la planète. La production globale de grains a atteint un record de 2,3 milliards de tonnes en 2007, soit une hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Mais malgré cela, des milliards d’êtres humains souffrent quotidiennement de famine.
Grain.org décrit les raisons fondamentales de cette famine sans fin dans un article récent: Making a Killing from Hunger (« Cette famine qui tue ») : en même temps que les fermiers cultivent suffisamment pour alimenter la planète, les spéculateurs et les gros négociants en grains comme Cargill contrôlent les prix mondiaux des aliments et leur distribution.
La demande fait grimper les prix et la famine profite aux corporations : Cargill a annoncé que les profits pour l’échange des marchandises, au premier trimestre 2008, sont supérieurs de 86% à ceux de 2007. Les prix mondiaux ont crû de 22% de juin 2007 à juin 2008 et une large part de l’augmentation provient de la spéculation de 175 milliards de dollars sur les marchandises à venir. Le résultat a été des hausses et des baisses vertigineuses de prix qui engendrent ainsi une insécurité alimentaire généralisée et persistante.
Pour une famille très pauvre, une toute petite augmentation de prix est une question de vie ou de mort. Cependant pas un seul candidat à l’élection présidentielle des États-Unis n’a déclaré la guerre à la famine. Au lieu de cela, les deux candidats parlent de sécurité nationale et de la poursuite de la guerre au terrorisme, comme si c’était cela la question prioritaire: le 11 septembre 2001, il y a eu dix fois plus de personnes mortes de faim que de victimes de l’attentat du World Trade Center.
Où est donc le projet Manhattan contre la famine mondiale? Où est l’engagement pour la sécurité nationale concernant l’aide unilatérale contre la famine? Où est l’indignation dans les média qui exhibent pourtant des photos d’enfants agonisants? Où est la révolte contre ceux qui tirent profit de la famine?
Le peuple américain voudrait se voiler la face au sujet des enfants affamés et croit qu’on ne peut faire que peu de chose pour eux, excepté l’envoi d’un don à son organisme de charité préféré, en guise de soulagement de sa culpabilité. Mais donner n’est pas assez, nous devons aussi demander une aide alimentaire comme politique nationale lors du prochain mandat présidentiel. Pour nous qui faisons partie de la nation la plus riche du monde, c’est un devoir sacré de mettre en place un mouvement politique ayant pour but l’amélioration du sort de l’humanité et la lutte contre la famine pour les milliards de personnes. La famine mondiale et les inégalités exagérées de richesse sont dues à des politiques que nous pouvons changer. Il n’y aura pas de sécurité nationale aux États-Unis si on ne résout pas les besoins alimentaires de base.
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