Hugo Chavez : lutter contre le changement climatique et les inégalités
21 décembre 2009
« Construisons un ordre économique et social plus juste et équitable.
Eradiquons la pauvreté. Stoppons immédiatement les niveaux élevés d’émission de
gaz, freinons la dégradation environnementale et évitons la grande catastrophe
du changement climatique. Adhérons au noble objectif d’être tous plus libres et
solidaires ! » S’exprimant devant les délégués réunis à Copenhague,
Hugo Chavez a lancé un vibrant plaidoyer contre les inégalités et un modèle
économique d’accumulation illimitée, citant l’ouvrage d’Hervé Kempf
« Comment les riches détruisent la planète » et faisant sienne
l’interrogation du théologien de la libération Leonardo Boff : « une
Terre finie peut-elle supporter un projet infini ? »
Discours prononcé par Hugo Chavez Frias, président de la République
bolivarienne du Venezuela, au Sommet des Nations unies sur le changement
climatique, à Copenhague, le 16 décembre 2009, transcription Granma
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Excellences, chers amis,
Je vous promets de ne pas parler plus longuement que celui qui a parlé le
plus ici, cet après-midi.
Permettez-moi un premier commentaire, que j’aurais voulu aborder avec le
point précédent, traité par les délégations du Brésil, de Chine, de l’Inde et
de la Bolivie. Depuis notre place, nous avons demandé la parole, mais il ne
nous a pas été possible de la prendre.
La représentante de Bolivie a dit -j’en profite pour saluer le camarade
président Evo Morales, ici présent (Applaudissements), président de la
République de Bolivie-, elle a dit entre autres choses ce qui suit -je l’ai
noté sur ce papier : « Le texte présenté n’est pas démocratique, il
ne part pas d’une politique d’inclusion ».
A peine suis-je arrivé que nous avons entendu la présidente de la séance
précédente, la ministre, dire qu’il y avait un document, mais personne ne le
connaît. J’ai réclamé le document, mais il ne nous est pas encore parvenu. Je
crois que personne ne sait au juste ce que c’est que ce document, il doit être
« top secret ». La camarade bolivienne n’avait donc pas tort de
dire : « Il n‘est pas démocratique, il ne part pas d’une politique
d’inclusion ».
Mais, Mesdames et Messieurs, ceci n’est-il pas justement à l’image de la
réalité du monde ? Vivons-nous dans un monde démocratique ? Le
système mondial se base-t-il sur l’inclusion ? Y a-t-il une once de
démocratie ou d’inclusion à attendre du système mondial actuel ? Cette
planète est régie par une dictature impériale, et depuis cette tribune, nous continuons
de le dénoncer. A bas la dictature impériale, et vivent les peuples, la
démocratie et l’égalité sur cette planète ! (Applaudissements)
L’exclusion que nous constatons ici en est le reflet. Il existe un groupe
de pays qui se croient supérieurs à nous, ceux du Sud, à nous, ceux du tiers
monde, à nous, les sous-développés, ou, comme le dit le grand ami Eduardo
Galeano : nous, les pays écrasés par l’histoire qui nous est passée dessus
comme un train.
Il n’y a donc vraiment pas lieu de s’en étonner : il n’y a pas de
démocratie dans ce monde, et nous sommes confrontés ici, une fois de plus, à
une preuve évidente de l’existence de la dictature impériale mondiale.
Deux jeunes gens ont fait irruption ici, bien heureusement les forces de
l’ordre se sont comportées correctement, il n’y a eu qu’une petite bousculade,
et ils se sont montrés coopératifs, si j’ai bien compris...
Mais dehors, vous savez, il y a beaucoup de monde. Bien sûr, ils ne
tiennent pas tous dans cette salle. J’ai lu dans la presse que quelques
personnes ont été arrêtées, qu’il y a eu des manifestations intenses dans les
rues de Copenhague, et je tiens à saluer tous ces gens qui sont dehors, des
jeunes pour la plupart (Applaudissements). Ce sont des jeunes qui s’inquiètent,
et avec raison, beaucoup plus que nous de l’avenir du monde. La plupart d’entre
nous qui sommes dans cette salle ont le soleil dans le dos, alors qu’eux le
reçoivent en pleine figure, et ils s’en inquiètent sérieusement.
On pourrait dire, Monsieur le Président, qu’un spectre hante Copenhague,
pour paraphraser Karl Marx, le grand Karl Marx. Un spectre hante les rues de
Copenhague, et je crois qu’il hante cette salle en silence, il est là, parmi
nous, il se glisse dans les couloirs, monte, descend. Ce spectre est un spectre
qui épouvante tellement que presque personne n’ose même le nommer. Ce spectre,
c’est le capitalisme ! (Applaudissements) Presque personne n’ose le
nommer, mais il s’appelle capitalisme, et les peuples grondent dehors,
entendez-les !
Je lisais certains des slogans que les jeunes scandaient dans les rues, et
je crois en avoir entendu de nouveau quelques-uns quand ces deux jeunes gens
ont fait irruption ici. J’en cite un : « Ne changez pas le climat,
changez le système. » (Applaudissements). Je le reprends à notre
compte : Ne changeons pas le climat, changeons de système, et c’est ainsi
que nous pourrons commencer à sauver la planète. Le capitalisme, ce modèle de
développement destructeur, est en train d’en finir avec la vie, il menace de
détruire définitivement l’espèce humaine.
Un autre slogan donne à réfléchir, parce qu’il est tout à fait d’actualité,
avec cette crise bancaire qui a ébranlé le monde et qui continue de le secouer,
et la manière dont le Nord riche a volé au secours des banquiers et des grandes
banques. Les Etats-Unis à eux seuls... Le montant de la somme qu’ils ont versée
pour sauver les banques est astronomique, on s’y perd... Voilà ce qu’on dit
dans la rue : « Si le climat avait été une banque, il aurait déjà été
sauvé. » Et je crois que c’est vrai (Applaudissements). Si le climat avait
été une banque capitaliste, une des plus grandes, il y a belle lurette que les
gouvernements riches l’auraient sauvé.
Je crois qu’Obama n’est pas arrivé. Il a reçu le prix Nobel de la Paix
pratiquement le même jour où il envoyait 30 000 soldats de plus tuer des
innocents en Afghanistan, et le président des Etats-Unis va se présenter ici
auréolé du prix Nobel de la Paix.
Les Etats-Unis détiennent la planche à billets, la machine à faire des
dollars. C’est ainsi qu’ils ont sauvé, ou du moins croient avoir sauvé, les
banques et le système capitaliste.
Bien, ceci était un commentaire en marge. Je voulais le faire avant, je
levais la main pour pouvoir accompagner le Brésil, l’Inde, la Bolivie, la
Chine, soutenir leur position intéressante et dire que le Venezuela et les pays
de l’Alliance bolivarienne la partagent totalement, mais la parole ne m’a pas
été donnée. Je vous demande seulement de ne pas compter ces minutes, M. le
Président, ce n’était qu’une petite mise au point. (Applaudissements)
Figurez-vous que j’ai eu le plaisir de rencontrer ici cet écrivain
français, Hervé Kempf. Je vous recommande vivement ce livre, il existe en
espagnol -Hervé est par ici-, en français bien sûr et en anglais
sûrement : Comment les riches détruisent la planète, d’Hervé Kempf. Voilà
pourquoi le Christ a dit : « Il sera plus facile de faire passer un
chameau par le chas d’une aiguille que de faire entrer un riche au Royaume des
Cieux. » C’est ce qu’a dit le Christ, Notre Seigneur. (Applaudissements)
Les riches détruisent la planète. Ils veulent peut-être aller s’installer
dans une autre quand ils auront fini de détruire celle-ci. Peut-être
caressent-ils ce projet. Mais pour le moment, on n’en voit pas d’autre à
l’horizon de la galaxie.
J’ai feuilleté ce livre dès qu’il m’est parvenu - c’est Ignacio Ramonet,
lui aussi présent dans cette salle, qui me l’a offert - et je retiens du
prologue ou du préambule cette phrase, significative. Voilà ce qu’écrit
Kempf : « Nous ne pourrons pas réduire la consommation de biens
matériels à l’échelle mondiale si nous ne faisons pas en sorte que les
puissants diminuent la leur de plusieurs crans, et si nous ne combattons pas
l’inégalité. Il est nécessaire d’adjoindre au principe écologiste, si utile à
l’heure de la prise de conscience -penser globalement et agir localement-, un
autre principe qu’impose la situation : consommer moins et distribuer
mieux. » C’est là un bon conseil que nous donne l’écrivain français Hervé
Kempf.
Monsieur le Président, le changement climatique est sans aucun doute le
problème environnemental le plus dévastateur de ce siècle : inondations,
sécheresses, tempêtes sévères, ouragans, dégel ; montée du niveau moyen de
la mer, acidification des océans, vagues de chaleur... Tous ceci aggrave
l’impact des crises mondiales qui s’abattent sur nous.
L’activité humaine actuelle dépasse le seuil du développement durable et
met en danger la vie sur la planète. Mais, je tiens à le souligner, nous sommes
là aussi profondément inégaux. Les 500 millions de personnes les plus riches,
soit 7%, sept pour cent, seven, de la population mondiale, ces 7% sont
responsables de 50% des émissions polluantes, alors que la moitié la plus
pauvre de la population de la planète - la moitié, 50% - n’émet que 7% des gaz
polluants. Voilà pourquoi je m’étonne : il me paraît bizarre de solliciter
ici la Chine et les Etats-Unis dans les mêmes termes. Les Etats-Unis comptent
peut-être 300 millions d’habitants, et la Chine, cinq fois plus. Les Etats-Unis
consomment plus de 20 millions de barils de pétrole par jour, et la Chine
arrive à peine à 5 ou 6 millions. On ne peut pas demander la même chose aux
Etats-Unis et à la Chine. Voilà un sujet qui mérite discussion. Espérons que
les chefs d’Etat et de gouvernement pourront s’asseoir ensemble et discuter ces
questions pour de bon, cartes sur table.
En
outre, Monsieur le Président, 60% des écosystèmes
de la planète sont
endommagés, et 20% de l’écorce terrestre est
dégradée. Nous avons été les
témoins impassibles de la déforestation, de la conversion
de terres, de la
désertification, des altérations des systèmes
d’eau douce, de la
surexploitation des ressources marines, de la contamination et de la
perte de
la diversité biologique. La surexploitation de la terre
dépasse de 30% sa
capacité de régénération. La planète
perd sa capacité d’autorégulation, elle
est en train de la perdre. Nous produisons chaque jour bien plus de
déchets que
nous ne sommes capables d’en traiter. La survie de notre
espèce est une
question qui hante la conscience de l’humanité.
Malgré l’urgence, deux années de négociations se sont écoulées pour
élaborer une seconde série d’engagements sous le Protocole de Kyoto, et nous
participons à cette réunion sans être parvenus à un accord réel et
significatif.
Soit dit en passant, sur ce texte surgi du néant - c’est ce qu’ont dit
certains, dont le représentant chinois - le Venezuela annonce, les pays de
l’ALBA, de l’Alliance bolivarienne annoncent que nous n’accepterons pas, qu’on
le sache déjà, d’autre texte que celui qui provient des groupes de travail, du
Protocole de Kyoto et de la Convention. Ce sont des textes légitimes qui ont
donné lieu ces dernières années et ces dernières heures à des débats intenses.
Je crois que vous n’avez pas dormi. Vous n’avez ni déjeuné ni dormi, c’est bien
cela ? Il ne semble pas logique, dans ces conditions, qu’un texte surgisse
du néant, comme vous le dites.
Aujourd’hui, en ce moment même et jusqu’à présent, de toute évidence
l’objectif scientifiquement établi de réduire les émissions de gaz polluants et
de parvenir à un accord de coopération à long terme semble avoir échoué. Quelle
en est la raison ? Il ne fait aucun doute que la raison est l’attitude
irresponsable et le manque de volonté politique des nations les plus puissantes
de la planète. Que personne ne se sente blessée. Je ne fais que reprendre les
propos du grand José Gervasio Artigas quand il affirmait : « Avec la
vérité, je n’offense ni ne crains personne » ; mais il s’agit
vraiment d’une attitude irresponsable, caractérisée par ses tergiversations,
son exclusion, sa manipulation élitiste d’un problème qui nous incombe à tous
et que nous ne pourrons résoudre que tous ensemble.
Le conservatisme politique et l’égoïsme des grands consommateurs, des pays
les plus riches, révèlent un manque de sensibilité et de solidarité flagrant
envers les plus pauvres, les affamés, les plus vulnérables aux maladies et aux
désastres naturels.
M. le Président : il est indispensable de parvenir à un nouvel et
seul accord applicable à des parties absolument inégales, par l’ampleur de
leurs contributions et de leurs capacités économiques, financières et technologiques,
et basé sur le strict respect des principes énoncés dans la Convention.
Les pays développés devraient contracter des engagements contraignants,
clairs et concrets de réduction de leurs émissions, et assumer des obligations
d’assistance financière et technologique aux pays pauvres, pour faire face aux
dangers destructeurs du changement climatique. A cet égard, la situation
particulière des Etats insulaires et des pays les moins développés devrait être
pleinement reconnue.
M. le Président : le changement climatique n’est pas le seul
problème qui frappe aujourd’hui l’humanité. D’autres fléaux et d’autres
injustices nous guettent. Le fossé qui sépare les pays riches des pays pauvres
n’a cessé de se creuser en dépit de tous les Objectifs du millénaire, du Sommet
de Monterrey sur le financement, de tous ces sommets, comme le faisait
remarquer ici le président du Sénégal, qui dénonçait une grande vérité :
les promesses, tant de promesses non tenues, alors que le monde continue sa
marche destructrice.
Le revenu total des 500 individus les plus riches du monde est supérieur au
revenu des 416 millions de personnes les plus pauvres. Les 2,8 milliards de
personnes qui vivent dans la pauvreté, avec moins de deux dollars par jour et
qui représentent 40% de la population mondiale -je dis bien 40% de la
population de la planète !- se partagent seulement 5% du revenu mondial.
Aujourd’hui, environ 9,2 millions d’enfants meurent avant l’âge de cinq
ans, et 99,9% de ces décès ont lieu dans les pays les plus pauvres. La
mortalité infantile est de 47% décès pour 1 000 naissances vivantes ; mais
elle est de 5 décès seulement dans les pays riches. L’espérance de vie sur la
planète est de 67 ans, mais de 79 ans dans les pays riches et de 40 ans
seulement dans certains pays pauvres.
En outre, il existe 1,1 milliard d’habitants privés d’accès à l’eau
potable ; 2,6 milliards sans services sanitaires et plus de 1,02 milliard
de personnes affamées. Tel est le tableau actuel du monde.
Mais, et la cause ? Quelle en est la cause ? Parlons-en un peu,
ne nous dégageons pas de nos responsabilités, n’éludons pas la profondeur du
problème. La cause, sans l’ombre d’un doute -je reviens sur cette question- de
tout cette situation désastreuse, c’est le système métabolique destructeur du
capital et son modèle incarné : le capitalisme.
J’ai ici une citation que j’aimerais vous lire, brièvement, de ce grand
théologien de la Libération, Leonardo Boff, qui comme chacun sait, est
brésilien, c’est-à-dire « notre-américain ».
Voici ce que dit Leonardo Boff sur cette question : « Qu’elle est
la cause ? Eh bien, la cause c’est le rêve de vouloir chercher le bonheur
à travers l’accumulation matérielle et du progrès sans fin, en recourant à la
science et à la technique, avec lesquelles on peut exploiter de manière
illimitée toutes les ressources de la Terre ». Et il cite quelque part
Charles Darwin et sa théorie de la sélection naturelle, la survie des plus
forts ; mais nous savons que les plus forts survivent sur les cendres des
plus faibles.
Jean-Jacques
Rousseau -il est bon de s’en souvenir- signalait quant à
lui : « Entre le faible et le fort, c’est la
liberté qui
opprime ». C’est pourquoi l’empire parle de
liberté : la liberté
d’opprimer, d’envahir, d’assassiner,
d’anéantir, d’exploiter, voilà sa
liberté.
Et Rousseau ajoute la phrase libératrice :
« Seule la loi
libère ».
Certains pays s’amusent à empêcher qu’un document soit adopté à cette
rencontre. Pourquoi ? Parce que, précisément, ils ne veulent pas de loi,
ils ne veulent pas de norme, car le fait qu’il n’y ait pas de norme leur permet
d’exercer leur liberté d’exploiter, leur liberté destructrice.
Faisons un effort et faisons pression, ici et dans les rues, pour qu’ici,
de cette rencontre, naisse un engagement, un document qui engage les pays les
plus puissants de la Terre ! (Applaudissements).
M. le Président : Leonardo Boff se demande - vous avez connu
Leonardo Boff ? J’ignore si Leonardo a pu faire le voyage. J’ai fait sa
connaissance au Paraguay ; je l’ai toujours beaucoup lu : « Une
Terre finie peut-elle supporter un projet infini ? ». La thèse du
capitalisme du développement infini est un modèle destructeur. C’est un état de
fait et nous devons l’accepter.
Et Boff de nous demander : « Que pouvons-nous attendre de
Copenhague ? » A peine ce simple aveu : nous ne pouvons plus
continuer ainsi, et un objectif simple : nous allons changer de cap ?
Faisons-le, mais sans cynisme, sans mensonges, sans doubles agendas, sans documents
issus du néant, et avec la vérité comme valeur ultime.
M. le Président, Mesdames et Messieurs, depuis le Venezuela nous
demandons jusqu’à quand allons-nous permettre de telles injustices et de telles
inégalités ? Jusqu’à quand allons-nous tolérer l’actuel ordre économique
international et les mécanismes de marché en vigueur ? Jusqu’à quand
allons-nous permettre que de grandes épidémies comme le VIH/sida déciment des
populations entières ? Jusqu’à quand allons-nous permettre que les affamés
soient privés de la possibilité de se nourrir et de nourrir leurs
enfants ? Jusqu’à quand allons-nous permettre que des millions d’enfants
continuent de mourir de maladies curables ? Jusqu’à quand allons-nous
permettre des conflits armés qui massacrent des millions d’être innocents à
seule fin que les puissants puissent s’approprier les ressources d’autres
peuples ?
Que cessent les agressions et les guerres ! C’est que nous, les
peuples du monde, demandons aux empires, à ceux qui prétendent continuer de
dominer le monde et à nous exploiter. Nous ne voulons plus de bases militaires
impériales ni de coups d’Etat ! Construisons un ordre économique et social
plus juste et équitable. Eradiquons la pauvreté. Stoppons immédiatement les
niveaux élevés d’émission de gaz, freinons la dégradation environnementale et
évitons la grande catastrophe du changement climatique. Adhérons au noble
objectif d’être tous plus libres et solidaires !
M. le Président, il y a près de deux siècles, un Vénézuélien
universel, libérateur de nations et précurseur de consciences, légua à la
postérité cet apophtegme, chargé de volonté : « Si la nature
s’oppose, nous lutterons contre elle et nous la forcerons à nous obéir ».
C’était Simon Bolivar, le Libertador.
Depuis le Venezuela bolivarien où, un jour comme aujourd’hui... à propos,
il y a exactement dix ans que nous avons vécu la plus grande tragédie
climatique de notre histoire, la tragédie dite de Vargas ; depuis ce
Venezuela dont la révolution tente de conquérir la justice pour tout son
peuple, uniquement possible à travers la voie du socialisme... Le socialisme,
cet autre spectre dont parlait Karl Marx, se promène aussi par là-bas ;
mais il s’agit plutôt d’un « contre-spectre ». Le socialisme est la
voie à suivre, c’est la seule voie qui permettra de sauver la planète, je n’ai pas
l’ombre d’un doute là-dessus. Et le capitalisme est le chemin de l’enfer, le
chemin qui mènera à la destruction du monde.
Le socialisme, depuis ce même Venezuela qui, pour cette même raison, est en
butte aux menaces de l’empire nord-américain, depuis les pays qui forment
l’ALBA, l’Alliance bolivarienne, nous lançons notre exhortation. J’aimerais,
avec tout le respect que je vous dois et du plus profond de mon âme, au nom de
beaucoup sur cette planète, exhorter les gouvernements et les peuples de la Terre,
en paraphrasant Simon Bolivar, le Libertador : Si la nature destructrice
du capitalisme s’oppose, alors luttons contre elle et forçons-la à nous
obéir ; n’attendons pas le bras croisés la mort de l’humanité.
L’histoire nous appelle à l’union et à la lutte. Si le capitalisme
s’oppose, nous sommes dans l’obligation de livrer la bataille contre le
capitalisme et d’ouvrir les voies du salut de l’espèce humaine. Cette tâche
nous incombe à tous, sous les bannières du Christ, de Mahomet, de l’égalité, de
l’amour, de la justice, de l’humanisme, du véritable et plus profond humanisme.
Si nous ne le faisons pas, la plus merveilleuse création de l’univers, l’être
humain, disparaîtra, elle disparaîtra !
Cette planète à des milliards d’années, et elle a vécu pendant des
milliards d’années sans nous, l’espèce humaine. Autrement dit, elle n’a pas
besoin de nous pour exister. Par contre, nous ne pouvons pas vivre sans la
Terre, et nous sommes en train de détruire la Pachamama, comme dit Evo, comme
disent nos frères aborigènes d’Amérique du Sud.
Pour conclure, M. le président, écoutons Fidel Castro lorsqu’il a
dit : « Une espèce est en voie d’extinction : l’Homme ».
Ecoutons Rosa Luxembourg lorsqu’elle a lancé : « Socialisme ou
barbarie ». Ecoutons le Christ rédempteur lorsqu’il dit :
« Bienvenus les pauvres, car le royaume des cieux leur appartient ».
M. le Président, Mesdames et Messieurs, soyons capables de faire de
cette Terre non pas la tombe de l’humanité ; faisons de cette Terre un
ciel, un ciel de vie, de paix et de fraternité pour toute l’humanité, pour
l’espèce humaine.
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