La justice doit se prononcer sur la totalité des actes de violence commis en Amazonie
Les autorités
péruviennes doivent mener une enquête juste et impartiale sur les morts
provoquées par les violences qui ont éclaté lorsque des membres de communautés
indigènes d’Amazonie ont érigé un barrage routier en juin 2009. Tel est le
message qu’envoie Amnesty International dans son nouveau rapport sur le Pérou.
L’organisation demande
qu’une enquête exhaustive sur la mort de dix indigènes et membres de la
population locale soit menée au même titre que les investigations en cours sur
l’homicide de 23 policiers lors des mêmes événements.
Au moins 200 personnes
ont également été blessées le 5 juin lorsque la police est intervenue sur une
route près de Bragua pour mettre fin au mouvement de protestation de plusieurs
centaines de personnes au sujet de l’utilisation de terres et de ressources
naturelles.
« Des
mesures
doivent être prises pour déférer à la
justice les personnes soupçonnées d’être
responsables de ces graves atteintes aux droits humains et fournir des
réparations aux victimes », a déclaré
Guadalupe Marengo, directrice
adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.
Des milliers de
membres de communautés indigènes ont bloqué pacifiquement cet axe routier
pendant plus de 50 jours pour protester contre une nouvelle loi menaçant selon
eux leur mode de vie.
Intitulé Peru :
Bagua six months on, le rapport indique qu’alors que plusieurs manifestants
ont été arrêtés et inculpés en relation avec la mort des policiers, aucune des
personnes soupçonnées d’implication dans l’homicide ou les blessures dont ont
été victimes des manifestants n’a été inculpée à ce jour.
Des dirigeants
indigènes ont été intimidés et harcelés par les autorités.
« Les manœuvres
de harcèlement et d’intimidation à l’encontre de dirigeants indigènes doivent
cesser et le droit des peuples indigènes au consentement préalable, libre et
éclairé pour toute décision pouvant affecter leur droit à une terre et à des
ressources doit être garanti », a déclaré Guadalupe Marengo.
Pendant son enquête,
Amnesty International a parlé avec des témoins et des proches de personnes tuées
qui lui ont donné des précisions sur l’éclatement des violences.
Amnesty International
s’est notamment entretenue avec Violeta Piitug Wampush, veuve de Felipe Sabio
César Sánchez, dirigeant de la petite communauté indigène des Wawás et reporter
pour une station de radio locale.
Cet homme a été abattu
alors qu’il sortait de l’hôpital de Bagua où il s’était rendu pour donner des
informations sur des membres de communautés indigènes tués ou blessés ce
jour-là.
« De la même
façon qu’ils reconnaissent les policiers [morts le 5 juin] comme des personnes
au service de l’État, ils devraient reconnaître [mon] mari aussi ...[il] est
mort pour la défense du territoire amazonien », a-t-elle déclaré à Amnesty
International.
Onze des 23 policiers
ont été tués alors qu’ils avaient été pris en otages par des manifestants des
communautés indigènes ; le sort d’un des policiers demeure inconnu.
Flor de María Vásquez,
l’épouse du commandant Miguel Antón Montenegro Castillo, un des policiers tués
le 5 juin, attend toujours de savoir pourquoi la police n’a pas envoyé de
renforts pour venir en aide aux policiers présents sur place.
« Cette situation
aurait pu être évitée, ils auraient pu leur venir en aide, ils auraient pu les
sauver. Pourquoi ne sont-ils pas allés sur place ? Ils ne nous ont pas
donné de réponse à cette question, a-t-elle déclaré à Amnesty International.
Complément d’information
En juillet 2009,
Amnesty International s’est rendue dans les localités de Bagua et Bagua Grande
et dans certaines des communautés indigènes ayant pris part au barrage routier
et aux manifestations.
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