Lithium et TNT : Nouveaux enjeux en Amérique latine
20 avril
par
Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’IRIS
Les termes
de l’échange évoluent en Amérique latine comme ailleurs dans le monde. Les
minerais et les énergies fossiles d’hier sont toujours aussi convoités. Charbon
colombien, cuivre chilien, fer brésilien, gaz bolivien, pétrole argentin,
brésilien, colombien, équatorien, mexicain, vénézuélien, sont regardés avec les
yeux de Chimène aux quatre coins du globe. Les ressources agricoles le sont
tout autant. Bananes équatoriennes et centraméricaines, blé argentin, canne à
sucre brésilienne, bœuf argentin, brésilien et uruguayen, café brésilien,
colombien et costaricien, oranges brésiliennes, soja argentin et brésilien,
suscitent des convoitises fortes. Les cours à la hausse de ces dernières années
témoignent d’un renversement de conjoncture porteur d’une croissance
inhabituelle sur ce continent.
Mais la palette des ressources convoitées s’est
singulièrement diversifiée. La fin plus ou moins programmée des énergies
fossiles a stimulé la recherche. Exit le moteur à pétrole. Parmi les options
alternatives, deux d’entre elles renvoient à l’Amérique latine. Voitures à
alcool et voitures électriques, ont besoin pour fonctionner d’un carburant
particulier. Les unes marchent avec un carburant tiré de la canne à sucre. Les
autres à partir d’un minerai, le lithium, indispensable au bon fonctionnement
des batteries. La canne à sucre ne pousse pas en région tempérée mais dans la
zone intertropicale. L’immense Brésil est un producteur majeur. Quant au
lithium, les hasards de la géologie ont déposé 50% des réserves prouvées en
Bolivie. Accessoirement, il y a des gisements mineurs en Argentine, au Chili et
au Mexique.
Les
entreprises des pays du G-7 ont signalé leur intérêt, relayé par leurs
gouvernements. Celles des pays émergents ont rapidement suivi le mouvement. Le
lithium bolivien, or gris de demain pour certains observateurs, est l’objet de
convoitises croisées et concurrentes. Le Chinois Citic Guoan, les Français
Bolloré et Eramet, le Coréen LG, les Japonais Mitsubishi et Sumimoto sont sur
une hypothétique ligne de départ. Les grands de l’agro-industrie et du pétrole
ont également beaucoup investi dans la canne à sucre et l’éthanol brésilien.
L’anglo-hollandais Shell et le Français Louis Dreyfus par exemple dans la
période la plus récente.
Dans un
autre secteur celui de la télévision numérique terrestre, des perspectives de
développement importantes ont attiré Nord-Américains, Européens et Japonais. La
récupération économique des pays latino-américains, les politiques sociales
dynamiques des équipes actuellement au pouvoir ont stimulé le marché des
téléviseurs. En 2005, il s’est par exemple vendu au Brésil 10 millions
d’appareils. Soit un chiffre équivalent cette année-là aux ventes enregistrées
au Japon. Les normes sur le marché ISDB-T japonaise, DVB-T européenne, et ATSC
nord-américaine ont été défendues auprès des autorités locales par la
Commission européenne, les gouvernements, soutenus respectivement par les
entreprises Toshiba pour la première de ces norme, Telefonica, Siemens pour la
seconde, LG et Samsung en ce qui concerne la dernière.
sources
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3201
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