Juancitucha

Les organisations humanitaires opérant au Pérou ont annoncé avoir revu à la hausse leurs estimations du nombre de disparus pendant le conflit interne qui a opposé la guérilla et l'armée entre 1980 et 2000, portant le chiffre à près de 15 000 au lieu de 8550 auparavant.

«Nous estimons à un peu plus de 14 900, le nombre de disparus et ce chiffre peut augmenter», a déclaré samedi à l'AFP José Pablo Baraybar, chef de l'Equipe péruvienne d'anthropologues légistes (EPAF), une organisation indépendante qui apporte son aide à la justice et à des organisations humanitaires.

Le spécialiste, qui travaille notamment à des exhumations dans les Andes sur plusieurs fosses communes, a ajouté qu'il y avait une tendance à la hausse et que le nombre des disparus était beaucoup plus élevé que le chiffre de 8558 révélé en 2003 par la Commission de Vérité et réconciliation (CVR).

Certaines familles de disparus attendent depuis plus de vingt ans de connaître la vérité sur le sort de leurs proches sans obtenir de réponse de la part des autorités péruviennes qui, selon les organisations humanitaires, sont trop lentes dans le travail entrepris.

«En fonction des estimations provenant de différentes sources, on parle de 13 000 à 15 000 personnes disparues lors du conflit armé», a confirmé Christophe Martin, le chef de la délégation régionale du CICR (Comité International de la Croix Rouge) pour le Pérou, la Bolivie et l'Equateur.

«Il est fort possible que le nombre de disparus continue à augmenter et dépasse les 15 000 parce que le chiffre de la CVR était provisoire», a expliqué à l'AFP, Salomon Lerner, le philosophe qui a présidé la CVR.

La CVR a évalué à 70 000 le nombre de victimes (morts et disparus) du conflit entre les forces armées péruviennes et les guérillas d'extrême gauche du Sentier Lumineux (SL, maoïste) et du MRTÀ (guévariste).