La France sous le régime de Sarkozy
En deux ans et demi de pouvoir quasi absolu de Sarkozy, la situation
économique, sociale et politique de la France s’est nettement dégradée et va
continuer, hélas, à s’aggraver : « on s’attendait au pire, ce fût
pire » disait un anonyme.
Mois après mois, année après année le chômage poursuit inlassablement son
ascension. Le salarié, devenu chômeur, perd toute existence et toute
reconnaissance sociale. Fragilisé et sans ressources matérielles suffisantes,
il accepte toute offre d’emploi pour survivre. Cette insécurité sociale fait de
lui un être totalement soumis aux exigences du capital. C’est là l’une des
fonctions essentielles du chômage : créer des conditions objectives
permettant la soumission du travail au capital.
La flexibilité, la précarité, le démantèlement du code du travail et la
remise en cause du droit de grève n’ont d’autres objectifs que de soumettre
totalement le salarié au patron. Poussé par la bourgeoisie qui l’a hissé à la
tête de l’État, Sarkozy s’attaquera systématiquement à tout ce qui protège de
près ou de loin le salarié, le livrant ainsi sans défense aucune au patronat.
A
l’usine comme au bureau, le salarié doit donc subir le
despotisme du
profit : produire toujours plus dans un laps de temps de plus en
plus
réduit. Pour atteindre cet objectif, c’est-à-dire
pour intensifier le travail
humain, les propriétaires du capital vont pousser le
salarié jusqu’aux limites
extrêmes de ses facultés physiques et intellectuelles en
s’appuyant sur une
horde de directeurs, managers et autres collaborateurs armés de
« new
management ». Stress, dépressions et autres violences
psychologiques vont
se multiplier et s’accélérer. Le salarié
ainsi pressuré, méprisé, humilié,
atomisé et isolé va utiliser le suicide comme ultime
moyen de protestation
contre le capital. Les victimes des accidents du travail, elles, sont
tout
simplement considérées par Sarkozy comme des
privilégiés. Il faut donc taxer
leurs maigres indemnités. Cette mesure a été
adoptée par l’Assemblée Nationale
le 13 novembre 2009. Les économies ainsi réalisées
sur le dos d’ hommes et de
femmes que le travail a amputé d’une partie
d’eux-mêmes, seront certainement
prodiguées aux banquiers, aux industriels et autres bourgeois
créateurs
d’emplois, n’est-ce-pas ?
Le salarié est ainsi cerné de toute part. Occupant un emploi, il subit le
diktat d’un patronat en position de force à cause du chômage de masse et
protégé de surcroît par un État que Sarkozy a entièrement mis à sa disposition.
Chômeur, il survit avec une indemnité de plus en plus faible ce qui accentue sa
dépendance vis à vis du capital d’autant plus qu’il livre en même temps une concurrence
acharnée à tous les autres chômeurs.
Mais notre salarié peut également devenir travailleur pauvre alternant
activité et chômage avec des salaires et des indemnités de misère. Chômeur ou
travailleur, il est de plus en plus pauvre. Face à lui se dresse une insolente
et puissante richesse, celle d’une minorité de possesseurs du capital, qui le
domine. Cette paupérisation du salariat est une caractéristique fondamentale du
capitalisme.
Appauvri et menant une existence précaire, notre salarié tombe malade. Il
hésite,comme des millions de ses concitoyens, à se faire soigner tellement les
frais qui restent à sa charge sont lourds. Il sait par exemple qu’il doit payer
sur chaque boîte de médicaments 0,50 euros, que la liste des médicaments qui
étaient jusqu’alors remboursés à 100 % et qui ne le sont plus est de plus
en plus longue et que les honoraires des médecins ne cessent d’augmenter. Il
constate également que l’État abandonne progressivement l’hôpital public au
profit des cliniques privées dont l’unique but est de faire du profit. Sarkozy
est également déterminé à vouloir fermer les blocs opératoires réalisant moins
de 1500 interventions chirurgicales par an et les maternités qui pratiquent
moins de 100 actes chirurgicaux. La chirurgie est un acte médical coûteux que
les plus démunis ne peuvent s’offrir dans les cliniques privées. Seul l’hôpital
public leur reste accessible. En fermant une partie des blocs opératoires du
public, Sarkozy force les patients à se diriger vers le privé. Or plus de
80 % des chirurgiens des cliniques commerciales sont en secteur 2
c’est-à-dire en dépassement d’honoraires souvent très importants. Sarkozy
compte aussi, à partir de 2010, augmenter le forfait hospitalier qui passera de
16 à 18 euros par jour somme qui, ajoutée aux autres frais restant à la charge
des patients, exclut la partie de la population qui a le plus besoin de soins,
comme notre salarié, car plus vulnérable que les autres catégories sociales.
De tout cela, notre salarié ressent une profonde injustice et un vague
sentiment de révolte le traverse. Craintif, il ne veut pas perdre son emploi en
affrontant par exemple la direction. Il reste néanmoins admiratif de ses
camarades qui, pour crier leur colère contre cette injustice et pour améliorer
leur triste sort, sacrifient régulièrement une partie de leur salaire déjà
faible en se mettant des journées entières en grève. Il sait aussi que Sarkozy,
pour défendre les intérêts de la classe qu’il représente, utilise
systématiquement la force brutale pour étouffer la moindre manifestation et la
moindre contestation. Même lorsqu’il se déplace, il exige des préfets et des
responsables de la police, sous peine de sanctions, d’éloigner le plus possible
les citoyens mécontents de sa politique et de leur confisquer tracts, pancartes
et autres banderoles. En vrai autocrate, il ne supporte aucune contestation
populaire. Si la plupart des présidents de la République aimaient et
cherchaient même le contact avec la population, ne serait-ce que pour soigner
leur image dans l’opinion publique, Sarkozy, lui, a peur des citoyens. Contre
eux, il mobilise tout l’appareil répressif de l’État.
Combien de manifestants ont été brutalisés, humiliés et traduits devant les
tribunaux pour avoir crié leur indignation et leur colère contre les dérives d’un
homme qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains ? On se souviendra
longtemps de ce professeur de philosophie arrêté et trainé devant le tribunal
de police pour avoir simplement crié...« Sarkozy, je te vois » !
Combien de syndicalistes, de militants associatifs, de défenseurs de sans
papiers ou de simples citoyens qui refusent de courber l’échine n’ont pas été
confrontés à la violence policière depuis que Sarkozy est au pouvoir ?
Sarkozy utilise également la technologie la plus moderne pour contrôler et
surveiller les citoyens. La vidéosurveillance par exemple est devenue
l’obsession et « la priorité absolue » de son gouvernement (1).
« La priorité absolue » n’est donc pas de lutter contre le chômage ou
contre la misère qui ronge une frange de plus en plus grande de la population,
mais de surveiller les citoyens ! Ainsi 20 000 caméras sont déjà
installées dans les rues de France et Sarkozy espère atteindre les 60 000 en
2011. La surveillance et le contrôle des mouvements des citoyens s’étendront
même « aux parties communes des habitations, transport, commerce »
etc. (1). D’autres pratiques se généralisent et se banalisent comme les
prélèvements d’ADN, la surveillance du Net ou encore le fichage de la
population. Car le contrôle doit être total !
Mais cette véritable guerre que la bourgeoisie mène sans répit contre le
reste de la population n’est que le reflet de cette lutte de classes qu’elle
nie obstinément tout en l’exerçant au quotidien.
Pour se consoler, notre salarié sait qu’il y a des situations pires encore
que la sienne. Il pense plus particulièrement aux travailleurs sans-papiers,
même s’il avoue qu’il lui arrive de les considérer comme des concurrents.
Parfois il sent même qu’il est attiré par les idées de ses ennemis de classe
(xénophobie, racisme etc.), mais il sait au fond de lui même qu’un travailleur
même sans- papiers reste un travailleur. Et c’est en côtoyant Moussa, Nadia et
Mamadou, travailleurs sans-papiers, qu’il est devenu sensible à leur drame.
C’est alors qu’il a appris que les Sarkozy, Hortefeu, et autres Besson
reconduisaient manu militari les sans-papiers afghans dans leurs pays en
guerre, arrachaient « les enfants, qui hurlaient de terreur (...) à leurs
parents pour obliger ces derniers, qui s’y refusaient, à sortir des locaux
d’hébergement du centre de rétention » (2), traquaient les enfants de
sans-papiers à l’intérieur comme à l’extérieur des écoles maternelles etc. etc.
Combien de vies humaines Sarkozy et son clan ont-ils brisées ? Sarkozy,
Hortefeu et Besson auront-ils un jour le courage de publier ces statistiques
comme ils publient régulièrement et fièrement celles des expulsions ?
En écrivant ces lignes, on apprend qu’un travailleur sans-papiers Mohamed
Ida, s’est suicidé mardi 17 novembre 2009 dans sa cellule de la maison d’arrêt
de Borgo en Corse (3).
Mais Sarkozy doit éprouver un singulier plaisir à caresser les idées d’une
frange de la population xénophobe et raciste en infligeant cette grande
souffrance à des hommes et des femmes sans défense. Cette lâcheté n’a d’égal
que les voix de celles et de ceux dont l’acte politique se réduit à la haine de
l’autre. Et pour entretenir cette partie de la population, qui ne bénéficie
d’ailleurs aucunement de la politique de Sarkozy mais utile au moment du vote,
la bourgeoisie utilise en ce moment toute la puissance de l’État pour mener une
véritable propagande nationaliste, baptisée « Grand débat sur l’identité
nationale » qui rappelle les moments les plus sombres de l’histoire de
France.
Épuisé après une journée de travail bien chargée, notre salarié s’assoit
devant le petit écran pour se détendre. Il voit défiler devant lui une
avalanche d’images et de commentaires sur le mur de Berlin diffusées depuis
plus d’une semaine. Il commence alors à douter de la sincérité de cette forme particulière
d ’information. En la répétant inlassablement, celle-ci devient une plate
tautologie et se transforme par la suite en une vulgaire et grossière
propagande à la gloire de l’ordre établi. La classe dominante cherche par le
biais des grands médias à dresser de véritables murs dans le cerveau des gens
les empêchant ainsi de voir et de réagir au-delà des limites de la propagande.
Ces images à répétition lui rappellent celles de l’affaire Clearstream, de
Grégory, du colon de Johnny, du décès de Michael Jackson, de la grippe A, des
matchs de foot et leurs résultats, de la météo, d’une liste interminable de
faits divers et bien sûr de la figure omniprésente de Sarkozy. Il constate
également une quasi-absence d’images et de commentaires sur les murs que la
bourgeoisie construit un peu partout dans le monde, comme celui de Ceuta, celui
installé par les États-Unis à la frontière avec la Mexique, celui qui sépare
les chiites des sunnites en Irak ou encore celui qui encercle la population
palestinienne et enferme, paradoxalement, la société israélienne. Le même
silence s’abat sur les luttes sociales, sur la souffrance des chômeurs, les
suicides dans les prisons, la brutalité légale et illégale pendant les gardes à
vue dans les commissariats, le drame des sans-papiers etc.
Le zèle que les journalistes des grands médias déploient pour propager les
idées de la classe dominante qui les emploie contraste tristement avec le
mutisme qu’ils opposent à toute résistance et toute contestation de l’ordre
établi. Leur soumission au pouvoir économique et politique incarné à la tête de
l’État par Sarkozy n’a jamais été aussi totale.
Sous le régime de Sarkozy, produit de la lutte des classes aujourd’hui en
France, la domination et la répression sont plus directes et plus brutales. Le
seul mérite de Sarkozy , si l’on peut dire, c’est d’avoir démystifié l’État
républicain, la démocratie, la liberté de la presse, la séparation des
pouvoirs, les droits de l’homme et bien d’autres concepts de l’idéologie
bourgeoise dont la fonction principale est de masquer la violence des rapports
d’exploitation capitaliste.
Mohamed
Belaali
(1) Le Monde du 13 novembre 2009
(2) http://www.midilibre.com/articles/2...
(3) http://www.ldh-france.org/Suicide-d...
URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/La-France-sous-le-regime-de-Sarkozy.html
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