Le Machu Picchu inaccessible, le Pérou tremble pour son tourisme
Le
Pérou tremble pour son tourisme après les pluies diluviennes dans le sud du
pays, qui ont entraîné l’évacuation de plus de 3.500 touristes bloqués
près du Machu Picchu la semaine dernière et surtout coupé pour deux mois
l’accès à la citadelle inca.
Le joyau du XVe siècle perdu à 2.500 mètres d’altitude
est le site le plus visité d’Amérique latine et le pôle de la région de Cuzco
(sud-est), qui fournit 90 % des revenus touristiques du Pérou, selon le
ministère des Finances.
La
réparation de la voie ferrée, qui achemine neuf visiteurs sur dix au Machu
Picchu – les autres gravissent en quatre jours le sportif chemin de l’Inca –,
prendra au moins deux mois. Elle a été endommagée en une centaine de points par
des éboulements et glissements de terrain.
Selon
l’Observatoire touristique du Pérou, les pertes pourraient représenter jusqu’à
0,64 % du PIB (une croissance de 4-5 % était escomptée en 2010). Avec un dur
impact social dans la région de Cuzco, où le tourisme fait vivre 175.000
personnes.
Le
gouvernement est engagé dans une grande campagne de travaux et de communication
pour réparer les effets des intempéries. Pour aider plus de 35.000 Péruviens
sinistrés, mais aussi pour rétablir en urgence l’accès au Machu Picchu, où
transitent 2.200 visiteurs par jour.
«
Nous étudions des mesures d’urgence, pour qu’il reste ouvert au tourisme
mondial », a déclaré à
l’AFP Marco Ochoa, président de l’Association des agences de tourisme de Cusco.
Il reconnaît pourtant que l’accès par hélicoptère depuis Cuzco (110 kilomètres)
est « la seule option immédiate ».
Le
sinistre a donné un coup de massue au tourisme péruvien. En progression
constante (6,7 % du PIB selon la profession), il misait en 2010 sur une hausse
de 10 % des 1,7 millions de visiteurs de l’an passé.
«
Y a-t-il un tourisme au Pérou sans le Machu Picchu ? », se demande le quotidien financier Gestion.
« La réalité est qu’il y a une dépendance », admet Bartolome Campana,
directeur de la Chambre nationale de Tourisme, pour qui le Pérou doit se
diversifier, à court et long terme.
Promotions
Dans
l’immédiat, des annulations sont rapportées par centaines, et les acteurs du
tourisme s’allient pour offrir des promotions à 50 % sur les voyages au Pérou.
Le
pays andin a tout pour devenir « une puissance touristique sur 30-40 ans à
venir », prédit Jose Marsano, chercheur à l’Observatoire. Mais il doit
promouvoir ses alternatives touristiques.
D’abord,
pour se prémunir contre les aléas du climat, auxquels il est très exposé, entre
sa géologie extrême (Andes, déserts, jungle) et sa sensibilité au phénomène El
Nino. Ensuite, car il regorge d’options, avec sa variété de paysages et son
inouïe biodiversité (140 espèces d’orchidées).
Plus
généralement, l’isolement du Machu Picchu a renvoyé le Pérou à ses carences en
matière de gouvernance et d’investissements : si le tourisme rapporte chaque
année davantage de devises, les infrastructures, elles, sont restées en retrait.
A
l’image de la petite ville d’Aguas Calientes (8.000 habitants), porte du Machu
Picchu sinistrée par le fleuve Vilcanota en furie : depuis des années, des
experts scientifiques et des spécialistes du patrimoine ont tiré la sonnette
d’alarme au sujet de sa croissance urbaine anarchique.
«
Le manque de précautions, de sécurité, tient au fait que les gouvernements
locaux apprennent encore à gouverner, à gérer, après des siècles de centralisme », analyse M. Marsano. Un problème plus
long à réparer qu’une voie ferrée.
(afp)
A découvrir aussi
- La fonte des glaciers péruviens menace les ressources en eau
- Au Pérou, sur la piste des mystérieuses cités d'or
- La CIA impliquée dans une bavure au Pérou en 2001
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 91 autres membres