Juancitucha

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Un rapport préliminaire sur la violence au Pérou déclenche la colère des Indiens

Des policiers armés tirent sur des manifestants indiens à Bagua, au nord du Pérou.

Des policiers armés tirent sur des manifestants indiens à Bagua, au nord du Pérou.
© Thomas Quirynen and Marijke Deleu

Un rapport préliminaire sur le violent conflit qui a eu lieu en juin dernier en Amazonie péruvienne a vivement été critiqué par les organisations péruviennes.

Le rapport a prétendument été établi par une commission formée par le gouvernement péruvien et chargée d’enquêter sur les événements du 5 juin dernier à Bagua où plus de 30 personnes dont 23 policiers ont été tuées suite à l’assaut d’une manifestation indigène pacifique par les forces policières.

Le document insinue que les manifestants indiens doivent être condamnés pour cet acte de violence et prétend qu’ils étaient manipulés par des étrangers, dont des missionnaires et des hommes politiques.

‘Ce rapport préliminaire n’a absolument aucune valeur parce qu’il veut prouver que les responsables de ces événements sont les Indiens. Ce n’est pas vrai et ne correspond pas au mode de vie pacifique des Indiens’ a déclaré un porte-parole de l’AIDESEP, l’organisation nationale des Indiens d’Amazonie.

‘Nous récusons le rapport préliminaire, prétendument établi par une commission chargée d’enquêter sur les événements de Bagua, dans lequel les missionnaires sont accusés d’avoir ‘provoqué, soutenu et participé à des actions légales et illégales qui ont abouti à la mort de policiers et d’Indiens’, a déclaré le Conseil Aguaruna et Huambisa (CAH), une organisation indigène locale.

Le rapport préliminaire est ‘l’antithèse d’un travail d’enquête sérieux’ a dénoncé un porte-parole de l’Institut péruvien de défense légale. Il décrit les Indiens comme des ignorants incapables de comprendre le bénéfice des lois (qu’ils constestent)’.

De plus un certain nombre de remarques confuses sur les Indiens ’isolés’ et ‘non contactés’ apparaissent dans le rapport. Il se réfère à une ‘anthropologie raciste et romantique’ pour laquelle la défense des Indiens isolés reviendrait à ‘violer leurs droits humains et à commettre un ethnocide’.

Le rapport fait également état d’une série de ‘recommandations’ aux Indiens du Pérou, dont parmi les plus marquantes :

• ‘Compte-tenu de la situation actuelle de l’Amazonie, les Indiens doivent modifier leurs structures sociales, culturelles, politiques et religieuses.’

• ‘Les Indiens devraient revoir leur organisation à la lumière des mouvements modernes.’

• ‘Les Indiens devraient abandonner leur conception d’une culture statique opposée au changement… , le mode de fonctionnement de leurs leaders…, leur croyance que ‘tous les peuples sont égaux’… leur pratique de la loi de ‘œil pour œil, dent pour dent…’

L’AIDESEP a annoncé que deux membres de la commission d’enquête avaient refusé de signer le rapport.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : ‘Non seulement ce rapport n’apporte aucun éclaircissement sur ce qui s’est réellement passé à Bagua, mais il livre un aperçu inquiétant de l’état d’esprit de quelques-uns des membres de la commission. Il est truffé d’affirmations sans fondement et de malentendus et sa série de ‘recommandations’ finales est si paternaliste et choquante qu’elle défie toute croyance’.

Lire le rapport (en espagnol).



23/12/2009
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