Le chien du jardinier est la traduction française de l'oeuvre de Lope de Vega El perro del hortelano. La maxime qui est passée à la postérité est la suivante: "el perro del hortelano, no come las berzas ni las deja comer al amo". Grâce à Molière (qui s'inspirait généreusement de Lope, profitant de ce que personne n'avait alors inventé le droit d'auteur), l'expression est passée dans la langue française. Littré en atteste: Il est comme le chien du jardinier, qui ne mange point de choux et n'en laisse pas manger aux autres, se dit de ceux qui, ne pouvant pas se servir d'une chose, ne veulent pas que les autres s'en servent."

Alan García a repris cette expression pour dénoncer tous ceux qui ne participent pas au développement économique du Pérou et empêchent d'agir ceux qui veulent développer le pays. Essentiellement, d'après ce qu'il présente, en le libéralisant, en vendant des portions de l'Amazonie (mais que les zones où la forêt est déjà dégradée, promis juré), en revenant sur la réforme agraire (ces Indiens, d'abord ils veulent les terres, et puis après ils veulent des machines et des intrants, et puis des prix garantis, ce serait carrément plus simple s'ils étaient ouvriers agricoles dans de grandes exploitations privées), et ainsi de suite.

En même temps, c'est très bien écrit, carré, argumenté, et vu de loin, ça pourrait même convaincre.

Vu de près, apparemment, moins; mais comme chacun sait, nul n'est prophète en son pays. C'est ainsi qu'en juin 2009, les Indiens se sont massivement mobilisés contre des décrets visant à permettre la vente de terres amazoniennes. J'en parlais alors ici. Le journal espagnol El Mundo quant à lui titrait: Los perros del hortelano muerden a Alan García.

Une autre expression qui fit florès en son temps: le terme "forajidos", hors-la-loi, jetée comme une insulte par le président équatorien Lucio Gutiérrez à ses opposants en avril 2005. Son mandat s'est achevé la semaine suivante, de façon plus qu'anticipée. Les opposants ont repris cette appellation de forajidos comme un étendard et ont bouté le président jusqu'à l'ambassade hospitalière la plus proche, en l'occurrence l'ambassade brésilienne (à croire que le Brésil se fait un devoir d'héberger les sans présidence fixe).


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