Les années de terrorisme du Sendero Luminoso (Sentier Lumineux) et du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA) au Pérou font partie intégrante de l'histoire récente du pays. C’est une période relativement mais pas encore suffisamment analysée, plus ou moins connue et acceptée. Ceux qui l’ont vécue espèrent que rien de similaire ne se reproduira, et ils craignent naturellement le plus infime signe de sa résurgence. Mais que se passe-il lorsque les craintes des Péruviens affectent les droits des citoyens ? [les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]
Le 25 mai, le président de la Première Cour supra-provinciale a déclaré recevable la requête présentée par les avocats de Lori Berenson [en anglais] (une citoyenne américaine incarcérée et accusée de terrorisme), acceptant par là les arguments démontrant qu’elle avait purgé les trois quarts de sa peine initiale - 20 ans de prison requis contre elle en 1995 pour ses liens présumés avec le MRTA - comme le rapporte RPP (Radio Programas del Peru). Par conséquent, une mise en liberté conditionnelle lui a été accordée et, le 27 mai, elle a pu quitter la prison et rejoindre ses parents dans leur appartement de Miraflores, dans la province de Lima.
Avant même la libération de Lori Berenson, les médias avaient déjà commencé à remettre en question cette décision, en regroupant des avis pour la plupart défavorables d’anciens juges, de parlementaires, de ministres et vice-ministres, et surtout de ses voisins de l'immeuble ou vivant à proximité de la résidence où elle devrait purger le reste de sa peine en liberté conditionnelle. La réaction de ces derniers a pris des proportions considérables. Ils demandent au maire de ne pas rester les bras croisés et organisent des manifestations et des veillées pour protester contre le fait que Lori Berenson ait décidé de vivre à Miraflores.
En peu de temps, ce problème s'est transformé en débat sur la possibilité de l’expulser hors du Pérou. Le débat a pris forme lorsque le Ministre de la Justice a confirmé qu’effectivement une telle mesure avait été examinée. Le soutien à cette revendication s'est manifesté rapidement dans différents groupes politiques et économiques. A ce moment-là, personne ne pouvait prédire quelle décision serait prise. Aujourd'hui, Lori Berenson se trouve dans l’appartement de ses parents et est harcelée par les voisins qui n’acceptent pas sa présence dans le quartier.
Les médias ont largement couvert ce sujet, comme l’hebdomadaire La Republica qui a demandé à ses lecteurs : Que pensez-vous de l'opposition des résidents de Miraflores à l’arrivée de Lori Berenson dans le quartier ? ; d’autres ont consacré des rubriques spéciales à ce sujet, comme El Cornercio : Lori Berenson Libre ; et Perù21, - sans créer de rubrique spéciale – a recueilli l'avis de nombreux lecteurs pour son article ¿Se puede expulsar a Berenson del Perú? (Lori Berenson peut-elle être expulsée du Pérou ?).
L’avocat et blogueur Francisco Canazas de Apuntes Paruanos donne son opinion sur ce cas :
Con la libertad condicional de Lori Berenson sucedió lo esperado: A la par que se agita el miedo con el asunto, muchos políticos y algunos medios han demostrado una gran vocación por la ignorancia o por la mentira. … Convertir “libertad condicional” en “liberación” ha sido el mayor logro de los medios. Como también el buscar el rechazo a Berenson con el simple recojo de declaraciones.
Un des premiers blogueurs à exprimer son mécontentement sur la libération de Lori Berenson écrit sur le blog Caviar de Cianuro, et le 27 mai, il écrivait :
La verdad era algo que iba a venir. Ahora los terroristas, una vez cumplidas sus condenas (incluyéndoles sus respectivos beneficios penitenciarios), iban a salir querrámoslo o no (personalmente, creo que estaban bien en sus celdas). … La pregunta es: ¿se han rehabilitado? yo creo que en muchos casos no. Y una muestra de ello es que muchos de estos ex-convictos van a querer participar en estas elecciones municipales y regionales utilizando agrupaciones de fachada tales como Patria Libre (emerretistas) oMovimiento por la Amnistía y los Derechos Fundamentales (senderistas).
Silivio Rendon de Gran Combo Club, répond au commentaire précédent :
Según propagandista de Susana Villarán en la blogósfera, un terrorista no está “rehabilitado” si al recuperar su libertad después de cumplir su condena ejerce su derecho a ser elegido y participa en elecciones.
Selon une propagandiste de la blogosphère, Susana Villaran , un terroriste n'est pas “réhabilité” si une fois remis en liberté après avoir purgé sa peine, il n'exerce pas son droit d’éligibilité et de vote.
Silvio a ajouté dans un commentaire témoignant de ses doutes sur cette information :
La sentencia de libertad condicional de Lori Berenson fue transmitida en directo por el Canal N. Estuvo presente una representante de la embajada de los Estados Unidos en el Perú. Raúl Vargas de RPP especuló que era un gesto de buena voluntad de Alan García para su próxima reunión con Obama. Lo mismo dice La Razón, aquí.
G Bastas Chipoco du blog Varias Posiciones soulève une autre question dans ce débat :
En tiempos de paz la voluntad de la ciudadanía sirve como una declaración de principios en contra de los vestigios del comunismo más rojo (sangre) y un paso adelante en la formación de una identidad y un activismo social más enérgico. La planeada construcción del Museo de la Memoria no puede ser mucho más de mal gusto ahora con una enemiga del estado libre y rampante por sus inmediaciones.
Luis Alberto Chavez du blog Polithika écrit :
la excarcelación de la Berenson es el acatamiento de una decisión judicial por cumplimiento de una condena otorgada por un tribunal civil con garantía procesal y en pleno Estado de Derecho. Algo que, por supuesto, los fujimoristas,
no entienden ni diferencian.
Ce problème est manifestement loin d’être résolu, pas seulement pour le cas particulier de Lori Berenson, mais pour tous ceux qui ont été condamnés pour terrorisme (et corruption) et qui ont pratiquement purgé leur peine ou qui pourraient bénéficier d’un mécanisme juridique leur permettant de demander la liberté conditionnelle. Va-t-on lancer une chasse aux sorcières contre eux ? Avoir purgé leur peine ne leur donne-t-il pas droit de réintégrer la société dans les conditions qu’ils considèrent les plus appropriées et en jouissant de tous leurs droits ? La société péruvienne est-elle prête à cela ? Ces questions vont certainement continuer à être posées dans les jours qui viennent.