Protestations contre le pillage d'une multinationales minière
Environ 20 mille personnes se sont affronté à la police en demande d'équité entre provinces. Une centaine d'agents antiémeutes sont séquestrés par des habitants de Moquegua. Les chocs ont fait 60 blessés, dont deux policiers avec fractures du crâne.
Des milliers d'habitants du sud du Pérou qui exigent un partage équitable des impôts que paye la compagnie minière Southern Copper -contrôlée par Minera Mexico- qui exploite du cuivre dans des gisements à Moquegua et dans la région voisine de Tacna, ont affronté aujourd'hui la police nationale quand celle-ci essayait de débloquer la route Panaméricaine qui connecte le Pérou avec le Chili et que les manifestants ont fermé depuis jeudi dernier.
Durant la tentative d'expulsion, les habitants de la région ont entouré une centaine d'agents antiémeutes de la police nationale - y compris le général qui les commandait, Alberto Jordan - les maintenaient séquestrés en attente d'une réponse des autorités centrales.
Dans l'après-midi, le président du conseil des ministres, Jorge del Castillo, a lu un communiqué officiel qui exigeait le retrait des obstacles qui empêchent la circulation sur la Panaméricaine comme condition au dialogue.
Moquegua a reçu 117,5 millions de dollars et Tacna 107 million en 2005 comme repartition des impôts que paie Southern Copper. Pour cette année, il est prévu que Tacna reçoive 254 millions de dollars et Moquegua, 80 million, ce qui a engendré les revendications de la population de Moquegua, qui jeudi dernier a commencé une grève en demande d'une distribution plus équitable.
Le communiqué du gouvernement péruvien a été émis après que del Castillo ait initié une réunion avec les gouverneurs de Moquegua et de Tacna, une autre des provinces minières qui accueille des installations de Southern Copper, une des plus grandes productrices de cuivre du monde.
Malgré le fait que la protestation soit relative aux fonds destinés à l'administration publique du département de Moquegua - une zone éminemment minière, sur la Cordillière des Andes-, le gouvernant de la province, Jaime Rodriguez, ne prend pas la tête des protestations et il s'est joint à la sollicitude du gouvernement central péruvien de débloquer la route.
Les protestations à Moquegua se sont jointes aux critiques de syndicalistes et d'opposants au gouvernement du président Alan Garcia, qui réclament au mandataire plus d'efforts pour que les secteurs de moindres revenus profitent des gains du boom économique qu'expérimente le pays.
En ce sens, la Fédération des Travailleurs Miniers a annoncé que le 30 juin, elle commencera une grève nationale pour exiger des améliorations des conditions de travail et des prestations économiques et sociales.
Les mineurs, qui se plaignent de ne pas profiter des revenus du secteur, refusent de plus une législation qui les exclue de la répartition des revenus des entreprises minières. On prévoit que cette année les exportations minières péruviennes dépassent les 15 milliards de dollars, ce qui représente plus de 60 pour cent des ventes externes totales du Pérou, le cinquième producteur mondial d'or et le premier en argent.
Les entreprises du secteur minier et énergétique paient par an en moyenne environ 430 millions de dollars en concept d'impôt, selon des données de la Société Nationale des Mines, Pétrole et Énergie du Pérou.
Selon la police, environ 20 mille personnes participent aux protestations à Moquegua et en quatre jours elles ont réussi à fermer quelques tronçons de la Panaméricaine. Mais le point le plus critique se trouve sur le Pont Montalvo, où elles empêchent le passage de véhicules vers les villes de Moquegua - la capitale provinciale-, Ilo et Tacna.
La ville de Moquegua est pratiquement paralysée, sans transport, tandis qu'à Tacna, les autorités ont déclaré l'état d'urgence et que les écoles ne fonctionnent pas et que commence à manquer aliments et combustible.
Pour essayer de disperser les manifestants, les policiers ont lancé des bombes lacrymogènes, mais les gens ont répondu avec des pierres et des bâtons. La confrontation a fait 60 blessés, parmi eux deux policiers avec des fractures du crâne, selon des rapports de radios locales.
Tandis que les chocs avaient lieu sur la Panaméricaine, un groupe de moquegüenses a attaqué les installations de la fonderie Ilo de Southern Copper, a cassé une partie du mur qui entoure les installations, a incendié une camionnette et endommagé un autre véhicule, selon le président de la compagnie minière, Oscar Gonzalez.
"Si le gouvernement n'agit pas en déclarant l'état d'urgence il va y avoir des problèmes. Dans l'entreprise il n'y a rien que l'on peut faire", a dit Gonzalez. "C'est quelque chose qui échappe au gouvernement", a-t-il ajouté.
Un peu auparavant, Southern Copper avait prévenu que si la protestation continuait encore une semaine, elle pourrait arrêter le travail de la fonderie Ilo à Moquegua, qui ne reçoit plus de concentrés de cuivre.
Depuis qu'il s'est installé au Pérou, il y a 10 ans, le Groupe Mexico a investi 2 milliards de dollars dans le pays. Dans les deux années suivantes, il espère investir environ 1,260 milliards dans l'expansion des mines où il est présent ; de plus, il s'apprête à opérer encore deux mines de plus dans les régions de Arequipa et Apurimac, au sud du territoire péruvien.
La Jornada, 17 juin 2008.
http://www.jornada.unam.mx/2008/06/17/index.php?section=economia&article=020n1eco
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
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