Assemblée générale de l’OEA sur fond de divergences régionales
L’Organisation des Etats américains (OEA) a ouvert dimanche 6 juin au soir sa 40e assemblée générale à Lima, au Pérou. Pendant deux jours, les délégations des 33 pays membres doivent discuter, entre autres, du contrôle de l’armement en Amérique latine et d’aspects sécuritaires régionaux. Mais ce sont avant tout des sujets qui ne figurent pas à l’ordre du jour qui risquent de semer le trouble. Parmi ces dossiers figurent la question des sanctions contre le programme nucléaire iranien, ainsi que la réintégration du Honduras au sein de l’OEA.
Comment contrôler plus efficacement la course à l’armement en Amérique latine ? Cette question a été posée d’emblée par l’hôte de cette quarantième assemblée générale de l’OEA, le président péruvien Alan Garcia. Dans son discours de bienvenue, il a appelé les représentants des 33 pays membres de l’organisation à repenser de fond en comble leurs achats d’armes. Selon le Pérou, les dépenses militaires dans la région latino-américaine ont augmenté de 150% en quatre ans, entre 2005 et 2009, par rapport aux quatre années précédentes, de 2000 à 2004.
Lima a donc présenté un projet de résolution, appelant les pays
membres de l’OEA à souscrire à un mécanisme d’homologation et à plus de « transparence
des achats d’armement » en Amérique latine, zone de
non-prolifération nucléaire.
Un point de vue que semble partager le secrétaire général de l’OEA, José
Miguel Insulza. « Il est certain que nous assistons à une
augmentation significative d’achats d’armements comme l’ont démontré
encore dernièrement les résultats du rapport annuel de l’Institut
international de recherche sur la paix de Stockholm », a-t-il
déclaré, avant d’ajouter : « En même temps, les dépenses militaires
de notre région sont très peu élevées en comparaison avec celles des
autres régions du monde ».
La réintégration du Honduras
Le dossier actuellement le plus controversé au sein de l’OEA ne figure
pas à l’ordre du jour à Lima. Un an après le coup d’Etat au Honduras et
son exclusion de l’Organisation des Etats américains, la reconnaissance
de son nouveau gouvernement sous le président Porfirio Lobo demeure un
sujet hautement sensible qui divise le continent américain. Les
Etats-Unis et deux de leurs alliés régionaux, à savoir la Colombie et le
Pérou, réclament une réintégration rapide du Honduras au sein de l’OEA.
Tous les autres pays latino-américains, le Brésil en tête, contestent
la légitimité de l’élection présidentielle hondurienne qui s’est tenue
en novembre dernier.
Cette situation préoccupe le département d’Etat à Washington. Selon les
informations du New York Times, certains conseillers d’Hillary
Clinton craignent que des dossiers comme le Honduras bloquent
l’assemblée générale de l’OEA et fassent éclater au grand jour les
divergences entre les Etats-Unis et une grande partie de leurs voisins
du Sud.
Les dossiers de ce genre se sont en effet multipliés ces dernières
années. A la dispute de longue date sur la question cubaine se sont
ajoutés de nouveaux désaccords et tensions, comme la présence de bases
militaires américaines en Colombie et dernièrement les efforts du Brésil
pour empêcher de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire
iranien.
L’Iran
Washington souhaite faire adopter dans les prochains jours un nouveau
projet de sanctions contre Téhéran par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Brésil, membre non permanent du Conseil, est farouchement opposé à
des sanctions et défend, au contraire, un accord qui prévoit
l’enrichissement d’uranium iranien en Turquie pour alimenter le réacteur
de recherche de l’Iran. Cette option ne réjouit pas l’administration
Obama. Hillary Clinton a même parlé récemment de « grave désaccord »
entre Washington et la diplomatie brésilienne sur l’Iran.
La secrétaire d’Etat américaine n’aura en tout cas pas le loisir de
s’expliquer avec son homologue brésilien. Celso Amorim n’a pas fait le
déplacement à Lima.
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